Rediffusion

Les billets de TGV sont-ils trop chers ?

Économiste

Baisser le prix des billets TGV, une fausse bonne idée ? Cette mesure, réclamée par beaucoup comme une réponse souhaitable aux problématiques de mobilité, risquerait en réalité de transformer la politique de tarification en avantage déguisé pour les plus aisés. Rediffusion d’un article du 27 mars 2024.

«Les billets de TGV sont-ils trop chers ? », voilà une question qui revient régulièrement dans les médias, presse écrite[1] ou radio, mais la réponse à cette question ne semble pas vraiment faire débat. L’opinion majoritaire est qu’évidemment, oui, le TGV est trop coûteux.

publicité

Travaillant depuis près de quinze ans dans le secteur ferroviaire, je suis toujours étonnée par cette opinion sans nuance. Trop cher pour qui ? Trop cher par rapport à quoi ? Cette question mérite une réponse nuancée.

Le TGV est-il un service public ?

Avant de répondre à la question, il faut commencer par dissiper un malentendu. Le TGV n’est pas stricto sensu un service public. Il s’agit d’un service fourni par une entreprise publique, mais qui ne peut être qualifié de « service public », en tout cas pas au sens du droit européen[2].

Dans le droit de l’Union, un service public est défini comme une offre de transport ayant besoin du soutien de la puissance publique pour être viable. En d’autres termes, il faut que l’État ou une collectivité locale contribue financièrement à celui-ci. En échange de cette subvention, la puissance publique a un droit de regard sur le contenu du service : elle définit le nombre de trains par jour sur tel ou tel axe, les horaires et les conditions de confort et surtout, le tarif des billets.

De nombreux services publics de transport sont exercés par des entreprises privées dans ce cadre contractuel : les transports urbains et le transport scolaire sont majoritairement assurés par de grands opérateurs de transport (Keolis, Transdev…) ou par des PME locales. Au contraire, une entreprise publique peut tout à fait fournir un service de nature commerciale. C’est le cas de SNCF quand elle exerce des activités de transport de marchandises, routier ou ferroviaire, via sa filiale Geodis. C’est également le cas du TGV : il n’existe pas de contrat entre l’État et la SNCF pour définir la consistance du service et le prix des billets, alors que de tels contrats existent po


[1] Charles Plantade et Jean-Yves Guérin, « Mais pourquoi les billets de train sont-ils si chers ? », Le Figaro, 1er juillet 2023 ; Jacques SAYAGH, « Les billets de TGV sont-ils trop chers ? », Ouest France, 8 juillet 2023.

[2] Sur ce point également, il faut dissiper un autre mythe tenace : oui le terme de « service public » (et pas uniquement de service économique d’intérêt général), existe dans le droit européen comme le démontre le titre d’un important règlement en matière de transport : le règlement (CE) N o 1370/2007 relatif aux services publics de transport de voyageurs par chemin de fer et par route (soulignement ajouté).

[3] Aussi appelés trains Intercités, qui sont les trains grande ligne non grande vitesse.

[4] Et demain, d’autres entreprises privées choisies par appels d’offres concurrentiels, mais ce n’est pas l’objet du présent article !

[5] Les bénéfices de l’activité TGV servent dans une grande partie à alimenter l’entretien de l’infrastructure (les rails) ce qui permet de réduire le financement de l’État dans ce domaine.

[6] Les données de 2023 ne sont pas encore disponibles.

[7] Voir la thèse de Laurent Quessette, Au croisement de l’État, du service public et du marché, recherches sur les chemins de fer en droit administratif français, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2012.

[8] Voir le « Rapport de gestion CFF 2023 », p.49.

[9] Voir IRG Rail, 9e rapport d’observation du marché, Avril 2021

[10] Ces données englobent tous les types de trains (TGV ou train classique), tous les pays n’ayant pas de services TGV.

[11] L’interdiction des trajets en avion quand une alternative en avion existe en moins de 2h30 a d’ailleurs eu un très faible impact.

[12] L’enquête s’intéresse au train en général et non aux TGV en particulier. Les résultats ne concernant que les distances de plus de 80 km, il s’agit principalement de TGV, mais également d’Intercités et de TER « de long parcours » (comme le TER Paris-Normandie ou Paris-Orléans/Tours/Bourges). En l’absen

Patricia Pérennes

Économiste

Notes

[1] Charles Plantade et Jean-Yves Guérin, « Mais pourquoi les billets de train sont-ils si chers ? », Le Figaro, 1er juillet 2023 ; Jacques SAYAGH, « Les billets de TGV sont-ils trop chers ? », Ouest France, 8 juillet 2023.

[2] Sur ce point également, il faut dissiper un autre mythe tenace : oui le terme de « service public » (et pas uniquement de service économique d’intérêt général), existe dans le droit européen comme le démontre le titre d’un important règlement en matière de transport : le règlement (CE) N o 1370/2007 relatif aux services publics de transport de voyageurs par chemin de fer et par route (soulignement ajouté).

[3] Aussi appelés trains Intercités, qui sont les trains grande ligne non grande vitesse.

[4] Et demain, d’autres entreprises privées choisies par appels d’offres concurrentiels, mais ce n’est pas l’objet du présent article !

[5] Les bénéfices de l’activité TGV servent dans une grande partie à alimenter l’entretien de l’infrastructure (les rails) ce qui permet de réduire le financement de l’État dans ce domaine.

[6] Les données de 2023 ne sont pas encore disponibles.

[7] Voir la thèse de Laurent Quessette, Au croisement de l’État, du service public et du marché, recherches sur les chemins de fer en droit administratif français, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2012.

[8] Voir le « Rapport de gestion CFF 2023 », p.49.

[9] Voir IRG Rail, 9e rapport d’observation du marché, Avril 2021

[10] Ces données englobent tous les types de trains (TGV ou train classique), tous les pays n’ayant pas de services TGV.

[11] L’interdiction des trajets en avion quand une alternative en avion existe en moins de 2h30 a d’ailleurs eu un très faible impact.

[12] L’enquête s’intéresse au train en général et non aux TGV en particulier. Les résultats ne concernant que les distances de plus de 80 km, il s’agit principalement de TGV, mais également d’Intercités et de TER « de long parcours » (comme le TER Paris-Normandie ou Paris-Orléans/Tours/Bourges). En l’absen