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Football : Qatar m’a tuer

Journaliste

Polémiques encadrant le rachat des droits TV par DAZN, énième épisode du feuilleton Mbappé-PSG, arrangements personnels entre des députés macronistes et le club de la capitale, le football français est revenu de vacances avec, dans ses valises, son lot annuel de controverses. C’est que le rachat du PSG, en 2011, par le Qatar Sports Investments a inauguré une nouvelle ère, financière plutôt que sportive : il faut à tout prix gagner – du fric !

La dose d’opium olympique ne fera bientôt plus effet et le réveil s’annonce douloureux. « Au-delà de Bordeaux, nous risquons de perdre deux ou trois autres clubs professionnels d’ici la fin de saison, prévient Jérémy Moulard, docteur en management du sport à l’université de Lausanne. Et les collectivités seront forcément impactées par la chute du football français. »

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Car il s’agit bien d’une chute. Comme dans Le roi se meurt, la pièce d’Eugène Ionesco, le froid s’est installé, le sol est mou et les murs se lézardent.

En cause, l’éclatement d’une bulle spéculative, celle des droits de diffusion, qui, parce que le sport est souvent riche d’enseignements pour notre société, pourrait bien en préfigurer un autre. Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Vincent Labrune, valorisait celle-ci à hauteur d’un milliard d’euros. « Si à court terme on n’est pas capable de rentrer de l’argent frais, le championnat de France deviendra celui de Slovénie », déclarait-il en 2021 lors d’une audience au Sénat. Mais, après plusieurs appels d’offres infructueux, il va pourtant falloir se contenter de la moitié, encore amputée de lourdes charges. Autrement dit, les clubs se retrouvent privés de leur principale ressource. Bienvenue à Ljubljana !

Comment en est-on arrivé là ? Par un concours de mécanismes artificiels, pour ne pas dire virtuels, qui ont œuvré à un creusement vertigineux des inégalités – toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence. Car la chute du football français s’inscrit dans un cadre plus vaste. Une caste de clubs, dont le PSG est membre, s’accapare en effet l’essentiel des richesses dans l’objectif de réduire l’incertitude de la compétition, laquelle n’entre pas en résonance avec la logique économique du profit. Cet agiotage trouve son expression la plus aboutie dans le principe de la multipropriété, qui fait de la majorité des c


Nicolas Guillon

Journaliste

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