International

Quel multilatéralisme pour le Sud global ?

Sociologue

Adopté fin septembre lors du Sommet des Nations unies, le Pacte pour l’avenir vise à remettre le multilatéralisme sur les rails dans un monde en proie aux divisions. Force est de reconnaître qu’il contient un certain nombre de principes et de mesures chers aux pays en développement. Leur non-concrétisation serait lourde de conséquences pour l’avenir de la coopération internationale et des biens publics mondiaux.

Le Pacte pour l’avenir a été adopté par acclamation par l’Assemblée générale des Nations unies le 23 septembre 2024. Pour rappel, l’objectif de ce texte était de poser les bases d’une relance de la coopération internationale dans un monde à la fois de plus en plus divisé et de plus en plus exposé à des enjeux globaux pressants – du réchauffement climatique au creusement des inégalités, en passant par la menace nucléaire, les pandémies, l’intelligence artificielle, etc.

publicité

La dynamique des échanges avant et durant le Sommet de l’avenir ainsi que le contenu même du Pacte mettent en relief les positionnements et les attentes du Sud global vis-à-vis du multilatéralisme. Pour le dire d’une phrase, la majorité des pays du Sud sont demandeurs de multilatéralisme, mais exigent d’avoir davantage de voix dans les institutions multilatérales afin que celles-ci répondent effectivement à leurs besoins et leurs intérêts en matière de développement et de sécurité.

Que les pays du Sud, à quelques exceptions près, nourrissent des attentes à l’égard d’un renforcement du multilatéralisme se vérifie d’abord dans l’intensité de leur engagement dans le processus de négociation ayant précédé le Sommet. Cette implication a elle-même été favorisée par le profil du secrétaire général des Nations unies à l’origine de l’initiative du Pacte pour l’avenir, António Guterres, considéré comme sensible aux intérêts du Sud global et partisan avoué d’un rééquilibrage du système international. Si une poignée de pays, comme le Soudan, ont centré leur discours à la tribune sur la primauté des souverainetés nationales et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des nations, la majorité des interventions des leaders des pays en développement ont formulé une critique constructive du rôle et du fonctionnement des institutions multilatérales.

Le fait que l’amendement de dernière minute de la Russie appelant à surseoir à l’adoption du Pacte ait été très largement rejeté par les pays en développ


[1] Stewart Patrick et Minh-Thu Pham, « The Good—and Bad—News About the UN’s Summit of the Future », Carnegie Endowment for International Peace.

François Polet

Sociologue, Chargé d’étude au CETRI-Centre tricontinental (Louvain-la-Neuve)

Notes

[1] Stewart Patrick et Minh-Thu Pham, « The Good—and Bad—News About the UN’s Summit of the Future », Carnegie Endowment for International Peace.