Aujourd’hui, le ballon dort…
Faut-il en rire ou en pleurer ? Est-ce une farce ou une tragédie ? Du Molière ou du Racine ? À moins que ce ne soit du Beckett, un théâtre de l’absurde, situé dans un monde dévasté et déjà post-apocalyptique, annonçant la Fin de partie. Entre un Euro 2024 globalement insipide, une Ligue des Champions maquillée comme une voiture volée et les cris et chuchotements autour de la sonate d’automne de Kylian Mbappé au pays d’Ingmar Bergman, le football, ce sport infini, semble n’être désormais capable de se donner en spectacle que pour de mauvaises raisons.

Écoutons Marcelo Bielsa, théoricien argentin du jeu : « Qu’est-il arrivé au football ? Que s’est-il passé avec ce jeu qui était une propriété populaire ? […] Au fur et à mesure que de plus en plus de gens regardent le football, celui-ci devient de moins en moins attrayant. Parce qu’on ne privilégie pas ce qui a fait son succès. On favorise le business, et le business c’est précisément que beaucoup de gens regardent beaucoup de matches. Mais avec le temps, il y a de moins en moins de footballeurs qui valent la peine qu’on les regarde jouer et le jeu devient de plus en plus prévisible. […] Je suis certain que le football est dans un processus de déclin. L’augmentation artificielle de son public va s’interrompre. »
Quelques joueurs, parmi les plus exposés à l’overdose, commencent d’ailleurs à tirer la sonnette d’alarme, à l’image de l’Espagnol Rodri, l’un des plus sérieux candidats au Ballon d’Or décerné ce lundi, qui, ironie du sort, se blessera gravement quelques jours après cette déclaration : « Entre quarante et cinquante matches par saison, un joueur peut évoluer au haut niveau. Entre soixante et soixante-dix, non. […] Nous devons prendre soin de nous, qui sommes les principaux personnages de ce sport, ou de cette industrie, peu importe comme vous l’appelez. »
Peu importe, mais le mot est lâché : « industrie ». Entre les mains d’acteurs étrangers au sérail, les clubs professionnels ne sont plus que des usine