La Muskmania guette nos services publics
Il n’a pas fallu une semaine à la Muskmania pour franchir l’Atlantique. Si l’Histoire nous apprend que les modes politiques s’expérimentent ou s’enseignent aux États-Unis avant d’être reprises en Europe et en France, on a rarement vu une telle vitesse de propagation. Et si l’on n’y prend garde, le massacre à la tronçonneuse des fondements de l’État et des moyens des services publics pourrait trouver chez nous un terreau favorable et les troupes d’une nouvelle croisade. Et pas seulement à l’extrême-droite.

Dès maintenant, nous devons faire se lever les forces d’une résistance politique et syndicale, mais aussi les ressources d’une vraie bataille culturelle, qui ne limite pas à vouloir le statu quo.
Aux USA, on connaît les raisons de la colère antiétatique. Donald Trump piétine méthodiquement l’État de droit, méprise l’État fédéral dès lors qu’il ne sert pas ses intérêts et le prend d’assaut s’il constitue une menace. Ses avocats obtiendront les postes-clés du ministère de la Justice. Ou le spoil system poussé jusqu’au grotesque. Dans le sillage de Trump, la cible principale de l’offensive Musk, c’est le budget fédéral, qu’il veut réduire de 2 000 milliards de dollars sur 6 750 (en France, mutatis mutandis, cela signifierait environ 130 milliards d’euros en moins).
Les cible réelles, moins visibles, sont les régulations, celles qui font valoir les principes de concurrence face aux monopoles, ou qui imposent la modération des réseaux sociaux contre la haine et la désinformation. Autant que la fiscalité et les dépenses publiques, Trump et Musk haïssent l’affirmation par la loi d’un intérêt collectif, que des services publics ou des agences doivent faire prévaloir. C’est le rêve fou d’un avenir sans règles. La guerre idéologique mondiale, on l’a compris depuis longtemps, ne s’arrête pas aux portes de l’Europe. L’alliance des libertariens et des conservateurs s’y transpose. Pas à l’identique. Mais elle séduit.
La célébration, à la minute même, de la « nomination