Rediffusion

Deux cigarettes avec un kamikaze ou le récit de quelques folies politiques

Philosophe

Le 19 avril, alors que des drones israéliens pénètrent l’Iran, un kamikaze menace le consulat d’Iran à Paris, où était justement l’auteur de cet article. Et si le délire d’un kamikaze pouvait faire une percée vers la folie des États iranien et israélien ? Et si le message de ces attaques et ripostes entre eux deux était clair : massacrez les Gazaouis tant que nous exécutons la société civile iranienne. Rediffusion d’un article du 21 novembre 2024

Face au tourbillon des ripostes, des frappes et des massacres qui obscurcissent le paysage politique au Moyen-Orient, ce texte propose une autre perspective et aborde cette scène par un autre biais. Il s’agit d’arrêter le temps long des revanches, des escalades et des désescalades pour revenir au mois d’avril 2024 où un tabou est brisé et l’Iran et Israël se sont frappés pour la première fois depuis leur propre territoire.

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La fin de cette histoire demeure incertaine et ce texte ne la traite pas. Ce qui suit est d’abord la tentative de la reconstruction d’un vécu. Les liens qui peuvent se tisser entre les événements échappent à l’auteur lui-même le poussant à en dessiner un, par exemple en se demandant si le délire d’un kamikaze peut être historico-mondial et faire une percée vers la folie politique des régimes iranien et israélien.

Par le plus grand des hasards

Ce n’est que dans l’un des jeux que le hasard joue avec nous qu’une journée que l’on croyait ordinaire peut faire la une des médias. Vendredi 19 avril, je me rends au consulat de la République islamique d’Iran à Paris pour de simples démarches administratives. J’attends sereinement mon tour jusqu’à ce qu’un kamikaze laisse apparaître son gilet tactique avec des explosifs menaçant de se tuer et de faire exploser le consulat. Paniquée, la foule se précipite vers la sortie de la salle d’attente, à l’exception de monsieur K. et moi, intimement convaincus l’un et l’autre que le kamikaze est en définitive une personne en détresse et qu’il porte des grenades factices.

Le même jour les drones israéliens franchissent les frontières et atteignent le cœur du territoire iranien touchant un site militaire près d’Ispahan. Autre partie d’un jeu de hasard ou concomitance réfléchie par le kamikaze ? Ni le kamikaze (dénommé N. par les médias) ne fait exploser le consulat, ni les drones israéliens ne font de dégâts majeurs sur le coup. Ces deux événements ne prennent pourtant sens que dans le contexte d’une longue his


Behrang Pourhosseini

Philosophe, Enseignant à l'université Paris 8.