Le football français, les pirates et le tyran
« L’abonnement aux diffuseurs officiels est essentiel pour le budget des clubs français. Alors pour nos espoirs, pour nos éducateurs, pour nos champions, pour l’amour du maillot, et pour chanter, vibrer, célébrer ensemble, disons stop au piratage. S’abonner à une offre légale, c’est faire gagner son club et tout le football français. » Depuis quelques semaines, la Ligue de football professionnel (LFP) et les dix-huit clubs de L1 diffusent ce message sur les chaînes spécialisées et les réseaux sociaux.

C’est que l’heure est grave. « Le football français est au pied du mur, alerte le président de la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat, Laurent Lafon. Des décisions malheureuses menacent son modèle financier et son modèle de gouvernance. C’est un bateau ivre qui navigue au gré du vent et qui, si rien n’est fait, risque de s’échouer. » De fait, le championnat de L1 qui valait soi-disant un milliard a vu fondre sa cote auprès des diffuseurs (sa principale source de revenus) en même temps que son intérêt sportif a été réduit à néant par le despotisme qatari.
Alors, face à l’iceberg qui se rapproche dangereusement, le capitaine du Titanic a pris une décision : demander à l’orchestre de continuer à jouer comme si de rien n’était. Loin de s’attaquer aux vrais problèmes et à leur récurrence, l’opération de communication, conforme à la stratégie de lucidité de la LFP, pointe un bouc-émissaire : les vilains supporters qui, pour vivre leur passion, refusent de multiplier les abonnements payants (DAZN et beIN Sports pour la L1 et la L2, Canal + pour les coupes d’Europe) – et accessoirement d’épaissir les poches d’un Len Blavatnik (petit télégraphe de Benyamin Netanyahou par le biais de la chaîne de télévision israélienne 13), d’un Nasser al-Khelaïfi ou d’un Vincent Bolloré. Entre deux et trois millions de téléspectateurs suivent légalement les aventures européennes du PSG, quand ils étaient plus de six millions devant TF1 po