Hopepunk : pour une bienveillance radicale
Au Québec, particulièrement depuis la pandémie, les crises se multiplient et s’aggravent à un rythme effréné. Après des années de crise structurelle, les systèmes de santé et d’éducation semblent arriver à un point de rupture. Cette dégradation n’est pas seulement une métaphore administrative : des écoles et des hôpitaux tombent littéralement en ruines.

Parallèlement, sur le plan social, avec une crise du logement qui se couple à une crise des opioïdes, le phénomène de l’itinérance prend désormais l’ampleur d’une crise de santé publique. Dans ce contexte, non seulement les ressources ne suivent plus, mais les solutions proposées, bricolées en urgence, demeurent locales, précaires et souvent temporaires.
Pendant que le nombre de personnes à la rue explose et que les décès par surdose dans l’espace public se multiplient, les instances gouvernementales et une grande partie de la population ne semblent pas prendre la pleine mesure de la crise humanitaire qui se déroule dans nos rues.
Quant à moi, sociologue qui s’intéresse au destin social de personnes qui composent avec un handicap intellectuel, ou qui vivent avec des problèmes de santé mentale qualifiés de graves et persistants, je suis aux premières loges. Au fil des années, les recherches que je mène avec des collègues m’ont amené à documenter le sort social de ces mêmes personnes en prison, dans la rue, en psychiatrie et, plus récemment, à la morgue. L’ensemble de nos travaux soulignent à grands traits l’écart abyssal qui subsiste entre les principes, idéaux et valeurs que nous prônons au niveau sociétal et les conditions délétères dans lesquelles ces personnes vivent.
Le désenchantement dans la dystopie du réel
Alors que nous parlons de la désinstitutionnalisation comme d’un fait accompli, nous continuons d’enfermer. Alors que nous valorisons l’autonomie et la pleine citoyenneté, nous abandonnons les personnes en situation de handicap dans une précarité qui rend ces principes inaccessibles. Alors que nou