Politique

En finir avec le mythe de la « démocratie participative »

Politiste

En dépit d’un consensus sur l’échec de la « démocratie participative », l’action publique française reproduit éternellement l’offre publique de participation et creuse un cimetière de dispositifs. Le cas des conseils citoyens est particulièrement emblématique de l’inertie de l’action publique en matière de participation citoyenne et permet tirer des leçons sur l’état de notre démocratie.

Éclairé par le clignotement erratique d’une lampe néon, je trace sur le papier un plan du lieu où se tiendra probablement la dernière réunion d’un conseil citoyen de la région des Hauts-de-France.

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Ce soir-là, l’assemblée se déroule au sein d’un vestiaire sordide de 8 m², d’ordinaire alloué aux arbitres de la salle des sports. Mise à l’ordre du jour, la dissolution de l’instance doit délivrer les représentants des habitants et des associations du quartier prioritaire au bord de la rupture. Mais qui aurait pu prédire l’échec du nouveau dispositif de « démocratie participative » de la politique de la ville ?

L’improbable reproduction de l’offre publique de participation

En 2005, les révoltes sociales qui embrasent les quartiers populaires révèlent au grand jour les dysfonctionnements de la politique de la ville — une politique publique qui vise à réduire les inégalités territoriales en intervenant de manière ciblée sur des quartiers désignés comme « prioritaires ». Face à cette crise systémique, une nébuleuse d’acteurs, composée d’élus, de militants, de professionnels et d’universitaires, se structure en réseaux pour tenter de transformer la fabrique de l’action publique française, qui est marquée par un caractère très descendant.

Cette coalition de cause est essentiellement impulsée par Claude Dilain (maire de Clichy-sous-Bois), avec l’Association des maires ville et banlieue de France (AMVBF), et par Jean-Pierre Worms (député, acteur associatif et sociologue), avec le collectif Pouvoir d’agir dans les années 2010. Formé autour des théories et des pratiques de l’empowerment, qui visent à redonner du pouvoir d’agir aux individus et aux groupes sociaux marginalisés dans une dynamique ascendante, ce mouvement promeut le retour de la participation citoyenne dans les quartiers, en s’inscrivant dans l’héritage des luttes urbaines des années 1960-1970 – l’atelier populaire d’urbanisme, créé dans le quartier de l’Alma-Gare à Roubaix, est sans doute le marqueur princ


Yannick Gauthier

Politiste, Chercheur au Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS)

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Mots-clés

Démocratie