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Israël : que faire ?

Politiste

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou fait figure de destructeur de la démocratie au sein même de sa démocratie. Après avoir constitué sa coalition avec l’appui de l’extrême droite et des partis ultra-orthodoxes, et avant même le massacre du 7 octobre 2023, son gouvernement a commencé à démembrer les cadres institutionnels, à commencer par la Cour suprême.

Je préciserai tout d’abord que j’appartiens depuis longtemps à ce qu’on appelle couramment la « gauche sioniste israélienne », courant de pensée et d’action qui a une longue histoire et qui croit profondément dans la possibilité de concilier État juif et démocratie. Lorsque les premières vagues d’immigration juive arrivèrent en Palestine, à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, l’écrasante majorité de ces pionniers étaient socialistes, ou plutôt « sociaux-démocrates ». Leur objectif était de créer un État juif qui serait démocratique, libéral, ouvert et d’orientation socialiste et coopérative. Ce n’est que plus tard, à partir du milieu des années vingt, que les courants sionistes dits « de droite » se sont développés, restant à l’époque très minoritaires. Parmi les pionniers de gauche, il y avait des courants radicaux, les Poalei Zion Gauche, l’Hachomer Hatzaïr, etc., dont certains prônaient même un État binational judéo-arabe.

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Après la création de l’État d’Israël, en 1948, ces courants sionistes de gauche se sont regroupés dans le parti Mapam (Parti ouvrier unifié). À une époque pro-soviétique, ce second parti en importance derrière les sociaux-démocrates du parti Mapaï (dirigé par Ben Gourion), le Mapam a ensuite lentement périclité avant de disparaître, signe évident que ce sionisme de gauche était battu en brèche par l’évolution de l’opinion israélienne vers le centre et vers la droite. Sur les ruines du Mapam, une petite gauche sioniste a réussi à survivre tant bien que mal ; pendant des années il s’agissait du parti Meretz (éliminé aux dernières élections) et actuellement du Parti des démocrates, dirigé par Yaïr Golan.

Ce rétrécissement brutal de la gauche sioniste, démocrate, humaniste, sociale, partisane d’un rapprochement israélo-arabe et de la solution des deux États pour les deux peuples, est emblématique du processus de « droitisation » de la population israélienne. Tandis que la gauche sioniste a toujours défendu des solutions de concilia


Ilan Greilsammer

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