Écologie

We Love Green : un festival hors-sol

Critique

Souvent estampillé « festival écolo » dans les médias, We Love Green produit pourtant depuis 2016 un impact considérable sur le Bois de Vincennes où les organisateurs ont progressivement clôturé la Plaine de la Belle Étoile. S’incrivant de fait dans le modèle festivalier inflationniste, excluant les non-humains de ses considérations, cet évènement poursuit une logique de « capitalisme responsable » tout en la parant des atours de la vertu écoresponsable.

Depuis 2016 se tient au milieu du bois de Vincennes le festival We Love Green. Pendant trois jours, entre fin mai et début juin[1], se succèdent sur le site de la Plaine de la Belle Étoile des dizaines de concerts de musiques électro et pop devant un public d’environ 100 000 personnes.

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Chaque année, des articles paraissent et des interviews sont données qui documentent un différend pour ne pas dire un conflit entre l’organisation du festival, des associations (le Groupe national de surveillance des arbres [GNSA]), France nature environnement [FNE], Paris animaux zoopolis [PAZ], la Ligue de protection des oiseaux [LPO]) et des journalistes qui témoignent de leur scepticisme quant aux engagements écologiques de We Love Green, doutent du bienfondé de sa localisation au bois de Vincennes et soulignent ses effets probables sur l’environnement.

Les positions sont tranchées. D’un côté, une organisation qui vante ses efforts et mérites, avec son générateur à hydrogène, son recours à un mix d’énergies renouvelables, ses repas végétariens en circuit court, ses attentions aux transports des festivaliers comme des musiciens, sa station vélib’, son think tank (qui, cette année, « s’attaque à une question vertigineuse : “un monde à + 4°C, seriously ?” »), ses pratiques de tri et de recyclage des déchets, ses certifications (ISO 20121, depuis 2023) et son « Green Operations Award » obtenu en janvier 2024 lors du festival professionnel Eurosonic à Gröningen[2]. De l’autre, des accusations de greenwashing, des réserves quant à l’augmentation de la jauge des festivaliers, des critiques portant sur les partenariats privés avec des banques et entreprises aux pratiques peu exemplaires, des inquiétudes relatives aux nuisances du festival et leurs effets sur la faune et la flore environnante (notamment sur les oiseaux en période de nidification et sur les chauves-souris).

Ces conflits ne permettent pas de comprendre l’étendue des contradictions inhérentes au projet We Love Green


[1] Le festival se tiendra les 6, 7 et 8 juin cette année.

[2] Toutes les citations sont issues du site Internet We Love Green 

[3] L’INPN est un organisme d’état composé du Museum national d’histoire naturelle et de l’Office français de la biodiversité dont le siège social, ironie du sort, est situé à Vincennes.

Christophe Kihm

Critique, Professeur assistant à la HEAD – Genève / HES-SO

Notes

[1] Le festival se tiendra les 6, 7 et 8 juin cette année.

[2] Toutes les citations sont issues du site Internet We Love Green 

[3] L’INPN est un organisme d’état composé du Museum national d’histoire naturelle et de l’Office français de la biodiversité dont le siège social, ironie du sort, est situé à Vincennes.