Le Tour des illusions
Ce fut peut-être l’image la plus forte des Jeux Olympiques de Paris (JOP) 2024 : les cyclistes de la course en ligne escaladant la rue Lepic au milieu d’une marée humaine. Le 27 juillet prochain, presqu’un an jour pour jour après cet incroyable spectacle en technicolor et en 3D, le peloton du Tour de France fera une digression en s’écartant du traditionnel circuit des Champs-Elysées pour se diriger vers la Butte Montmartre et passer à trois reprises devant le Moulin de la Galette.

L’idée n’emballait ni les coureurs, déjà soumis à suffisamment de stress durant trois semaines, ni le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, pour des questions de sécurité, mais elle fut défendue ardemment par Emmanuel Macron.
« Je vous annonce que, pour la première fois, la Grande Boucle, notre Tour chéri, (…) finira sur ce même parcours », s’enthousiasmait, en mai, le président de la République. L’occasion est certainement trop belle de promouvoir un héritage des JOP qui n’est en réalité qu’une illusion – l’art élyséen de la fumigation n’est plus à démontrer.
L’inventaire est, en effet, vite réalisé. Les deux heures de sport hebdomadaires au collège ? Purement et simplement abandonnées. Les trente minutes d’activité physique quotidienne (APQ) à l’école ? Un fiasco, sur fond de guéguerre entre ministères des Sports et de l’Éducation nationale. Mal préparés, pour ne pas dire livrés à eux-mêmes, les clubs n’ont pas été en mesure d’absorber le surplus de candidats à une licence qui suit généralement des Jeux olympiques. Il y a toujours pénurie d’équipements, et vieillissement de l’existant, la gouvernance ayant donné la préférence aux terrains dits de proximité, par exemple les city-stades, moins coûteux et surtout plus rentables sur un plan communicationnel. Last but not least, le budget des sports est en baisse significative en 2025. Dans l’euphorie de l’été 2024, Emmanuel Macron en avait pourtant fait la promesse : « Le sport comme la culture sont des investissements légitimes