Pourquoi je danse ?
En ce début d’été, les nouvelles stupéfiantes continuent de rythmer l’espace médiatique dont nous sommes les témoins malheureux·ses. Face à ces calamités, nombreuses sont les personnes qui s’efforcent d’agir sur ce qui constitue une part essentielle de notre agora moderne : les réseaux sociaux. On y trouve un grand nombre d’informations intéressantes, que l’on peut ensuite relayer.

Mais les algorithmes de ces plateformes nous contraignent à évoluer dans un espace virtuel que nous ne maîtrisons qu’à moitié. Régulièrement, et sans notification, les développeur·ses modifient l’interface afin d’accroître notre engagement et de produire des données que nous n’aurions pas générées autrement. Par chance, ils·elles ont l’obligation de nous informer lorsque les mises à jour concernent l’usage de nos données personnelles. Au milieu du mois de mai, tou·tes les utilisateur·rices d’Instagram ont d’ailleurs été prévenu·es de l’emploi prochain de l’intelligence artificielle comme nouveau moyen de traitement généralisé de leurs données. Et si tel est leur désir, il est même possible de s’y opposer ! Cette faveur – en réalité un droit – ne doit pas masquer les intentions réelles d’un Mark Zuckerberg qui, depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump II, défend les bienfaits de « l’énergie masculine » en souhaitant faire de Meta une entreprise qui célèbre davantage l’agressivité.
Comme vous, je suis le spectateur quotidien de cette violence, de cette bêtise épouvantable. Le printemps invitant au renouveau, je me suis posé la question du sens de mon métier de danseur dans ce contexte politique délétère. Parce qu’en tant qu’art du corps, en tant qu’art vivant, il me semble qu’il met puissamment en tension certaines caractéristiques de notre modernité; c’est ce que révèle d’ailleurs cette question ordinaire que me posa un ami au hasard d’un café il y a quelques jours : « Tu travailles ou tu danses aujourd’hui ? ». De ma danse les traces manquent, elles disparaissent à