Financer des politiques publiques soustractives ?
Depuis quelques années s’est popularisée l’idée que les territoires, les collectivités territoriales (villes, métropoles, régions) devraient être le socle des politiques publiques de lutte contre le changement climatique. Le territoire serait en effet le lieu où se jouent des dossiers à la fois concrets et importants liés par exemple à l’artificialisation des sols, à la diminution tangible des émissions, à la résilience alimentaire ou encore à l’avenir de la mobilité…

Nos institutions locales souffrent cependant d’un paradigme gestionnaire que nous pensons caduc face aux enjeux de l’urgence climatique et écologique. La politique publique locale est en effet avant tout une affaire de continuité et de projet. Entre 1/3 et 2/3 des ressources d’investissement d’une collectivité territoriale sont destinées à maintenir la ville, le département ou la région « en l’état ». Le reste est destiné au développement de projets : d’aménagement, de développement, d’attractivité, d’innovation, etc. L’écologie, bien souvent, se logera dans une (petite) partie de ces projets : l’engagement écologique d’une mairie se mesurera au fait de développer des projets dits écologiques (construction de pistes cyclables, de gymnases à énergie positive, de fermes maraîchères urbaines, entre autres). Bien évidemment ces projets sont bénéfiques sur le plan écologique mais restent avant tout des projets, c’est-à-dire des activités qui vont elles-mêmes générer des impacts rarement mesurés (dans le cas de la construction de pistes cyclables ce n’est pas anodin par exemple) et qui bien souvent vont venir se superposer, dans une logique additive, aux autres projets classiques d’aménagement, d’attractivité ou de développement économique.
Le problème est que l’urgence climatique appelle surtout à faire des arbitrages dans deux sens inédits qui renvoient à une politique des soustractions : ne pas faire advenir certains projets d’un côté, et, de l’autre, arrêter, fermer ou démanteler des projets d