La méthode Bayrou ou la mécanique bien huilée de l’impuissance publique
Le 15 juillet dernier, le Premier ministre François Bayrou dévoilait son plan de rééquilibrage des comptes publics autour de deux grandes orientations : « Stop à la dette » et « En avant la production ! », avant de se livrer en ligne en plein cœur d’un été caniculaire au service après-vente de sa recette prétendument miracle pour le pays, prolongé par une conférence de presse le 25 août.

Manipulation du langage et anesthésie de l’action
Dans un contexte de dégradation des finances publiques, que personne ne conteste, la formule du professeur Bayrou pourrait convaincre : réduire les dépenses publiques de près de 44 milliards d’euros dès 2026, tout en relançant la croissance pour grapiller quelques points de PIB et accroître les recettes de l’État.
En réalité, l’histoire ne fait que se répéter à l’infini, comme dans le film Un jour sans fin. Les protagonistes se ressemblent. Les répliques sont identiques. La dramaturgie de la mise en scène est au service d’un scénario déjà trop usé sur les planches d’un théâtre politique qui en dégoûte de plus en plus. Le registre de langage mobilisé est celui du courage, du sacrifice, du devoir, des efforts, de la nécessité, de la menace et même de la survie, pour « éviter la catastrophe qui autrement viendra ». Mais le remède de cheval préconisé pourrait bien au final aggraver l’état du malade imaginaire. Nous ne souffrons pas d’une « addiction » à la dépense publique. Les maux qui nous assaillent sont bien davantage la conséquence d’orientations et de pratiques politiques dépassées, et déjà mises en échec dans l’histoire récente.
L’exagération rhétorique se présente sous les oripeaux de l’inéluctable, du salutaire, de la technique gestionnaire, alors qu’elle sert fondamentalement un dessein idéologique et qu’elle cristallise des rapports de force déséquilibrés au sein de l’espace social. C’est une sinistre reprise du « there is no alternative » de Margaret Thatcher, mais surtout la promesse d’un « there is no future », pu