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Thanatopolis

Avocat au barreau de Paris

Il y a aujourd’hui, à Gaza, résurgence d’une politique de la mort : doute de l’ampleur de la mort ; hiérarchisation non plus des vies, mais des morts, et donc rétroactivement des vies ; morale évacuée dès l’élaboration de la stratégie militaire par la disparition physique et discursive de la mort. La guerre et la politique sont devenues inextricables.

Les entreprises totalitaires du XXe siècle sont ces politiques d’État qui ont érigé la mort de masse comme moyen et fin, quand l’élimination physique demeurait jusque-là, à quelques exceptions près au cours de la période coloniale, un simple moyen. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’ordre politique international s’est forgé sur la volonté d’instaurer un ordre juridique international visant à empêcher toute possibilité de résurgence d’une politique de crimes de masse en favorisant sa répression.

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Des conventions internationales multipartites ont intégré de nouvelles qualifications juridiques sensées suppléer à l’impensé de ces crimes commis au cours du XXe siècle.

L’infraction de crime contre l’humanité apparaît pour la première fois dans le statut du Tribunal de Nuremberg en 1945. Elle fut conceptualisée et soutenue par un juriste britannique juif, Hersh Lauterpacht, qui a participé en tant que conseiller au Tribunal pénal de Nuremberg au jugement des 24 des principaux responsables du IIIe Reich. Il réprime l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile.

L’essor d’un ordre juridique international de protection contre les crimes les plus graves

Parallèlement, le crime de génocide fut conçu et porté par le juriste polonais Raphael Lemkin pour réprimer les crimes de masse dont l’intention est d’éliminer totalement ou partiellement un groupe humain national, ethnique ou religieux. Ces deux outils de répression furent introduits dans des conventions internationales plus récentes telles que la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée le 9 décembre 1948 et le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale (CPI) adopté en 1988.

Ces juridictions internationales – sans oublier la Cour int


Arié Alimi

Avocat au barreau de Paris, Spécialisé en droit pénal et libertés publiques, membre du bureau national de la LDH