Politique

Une cagnotte pour la France !

Philosophe

Quand François Bayrou appelle à une responsabilité collective face au problème budgétaire et que certains partis politiques fonctionnent comme des « banques à colère », faire appel à la solidarité pour rembourser la dette semble émerger comme la possibilité d’un retour du débat démocratique autour des questions budgétaires.

François Bayrou en a irrité, agacé, choqué plus d’un en affirmant et en répétant son analyse de la situation financière dont il veut sortir le pays : la dette, c’est chacun de nous. Ou, puisque c’est de cette façon que ses propos ont été repris : nous sommes tous responsables de la dette publique. Par cette sentence, le premier ministre a justifié les mesures impopulaires qui devraient permettre en 2026 de réduire de 44 milliards d’euros le budget de l’État. Si nous sommes tous responsables, il est évident, pour ce catholique pratiquant qu’est François Bayrou, que nous avons tous à payer et que nous devrions accepter notre « pénitence ».

publicité

Le problème est que notre pénitence ne peut pas être la même selon notre place sociale : ceux qui travaillent doivent renoncer à deux jours fériés, les retraités doivent renoncer à l’abattement de 10 %, les plus riches doivent payer beaucoup plus qu’ils ne le font, les fonctionnaires supporter un peu plus le coût de leurs arrêts maladie, etc.

Les voix n’ont pas manqué pour contester la gravité de la situation présentée par Bayrou, mais aussi pour dénoncer la culpabilisation collective qu’il fait peser sur les Français. Le commentaire ironique n’a pas traîné : tous coupables, sauf lui ! Dans un excellent article publié le 1er septembre par AOC, Jean-François Collin, en relisant les pages de Marx consacrées à la dette des États, démonte bien la mystification qu’il est juste, pour le coup, de reprocher à Bayrou. La dette publique n’est pas seulement un choix de gouvernement qui permet de justifier la pression sur les services publics au profit d’agences privées (ce qui conduit François Ruffin à accuser Emmanuel Macron d’avoir mené volontairement une politique de l’endettement) ; elle est dès son origine historiquement le moyen intentionnel pour les créanciers de valoriser facilement leur argent, sans risque.

De son analyse impeccable du mécanisme et de l’évolution de la dette publique, Jean-François Collin déduit des proposit


[1] Gaspard Koenig, La Nuit de la faillite, Grasset, 2013, republié en 2025.

[2] Peter Sloterdijk, Colère et temps, (traduction Olivier Mannoni), Libella-Maren Sell, 2007.

[3] Peter Sloterdijk, Repenser l’impôt : pour une éthique du don démocratique, (traduction Olivier Mannoni), Libella-Maren Sell, 2012.

Philippe Éon

Philosophe

Notes

[1] Gaspard Koenig, La Nuit de la faillite, Grasset, 2013, republié en 2025.

[2] Peter Sloterdijk, Colère et temps, (traduction Olivier Mannoni), Libella-Maren Sell, 2007.

[3] Peter Sloterdijk, Repenser l’impôt : pour une éthique du don démocratique, (traduction Olivier Mannoni), Libella-Maren Sell, 2012.