Qui a peur de regarder en face le passé colonial ?
Alors qu’Emmanuel Macron vient de reconnaître la guerre à laquelle la France a participé au Cameroun, suite à la remise d’un rapport d’une commission d’historiens et historiennes, que la commission mixte sur l’histoire franco-algérienne est au point mort suite au conflit diplomatique qui oppose la France et l’Algérie, et que deux nouvelles commissions sont annoncées par la présidence de la République française sur Haïti (notamment sur la question de la dette) et l’autre sur les « atrocités commises » à Madagascar (1947), dans le contexte actuel de changement de gouvernement et d’instabilité politique, certains historiens marqués à droite critiquent le principe de ces commissions, qui ont pourtant démontré, par le passé, leur utilité pour la recherche historique.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut relire l’interview de l’historien Pierre Vermeren dans Le Figaro à l’occasion de la reconnaissance par Emmanuel Macron de la guerre du Cameroun, pour mesurer tous les enjeux de cette polémique. Une interview à décrypter, donc, ligne à ligne, car pour cet historien spécialiste du Maghreb colonial, la France n’aurait pas dû reconnaître cette guerre, se demandant « ce que la France peut bien gagner diplomatiquement dans cette affaire » et son intérêt à regarder l’histoire coloniale en face, critiquant ainsi les autres initiatives et commissions sur le passé colonial, et la politique d’Emmanuel Macron en la matière depuis sept ans. Curieuse analyse pour un historien qui devrait, en toutes circonstances, faire primer la vérité sur toute autre considération (opportunité, diplomatie, intérêts corporatistes ou financiers, enjeux idéologiques ou politiques…).
Décryptage nécessaire du texte… et analyse de son combat contre la « repentance présidentielle »
Pour Pierre Vermeren, les « dirigeants africains sont éberlués, très étonnés par toutes ces démarches. Loin d’œuvrer en faveur de la paix, nous risquons [avec de telles reconnaissances sur le passé colonial et les crimes