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Guerre à Gaza : « Nous refusons ! »

Photographe

Depuis le début de l’année, on estime à 20 % de l’armée israélienne les réservistes qui n’ont pas répondu à l’appel. D’autres refusent de faire leur service, en majorité pour dénoncer le sort des Palestiniens. Des actes de désobéissance très lourds de symbole, dans un pays où le service est un outil considérable de définition de soi et de promotion sociale.

Le 16 juillet dernier, sur le compte Facebook de la chaîne Al Jazeera, une dizaine de jeunes gens, filles et garçons, apparaissent sur une vidéo en train de brûler des feuilles de papier avec des briquets. L’un d’entre eux cache son visage avec son t-shirt. Les manifestants qui les entourent scandent : « Mesarvot ! » (« Nous refusons » en hébreu).

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Ces adolescents sont des Israéliens qui ont décidé de ne pas faire leur service militaire. Symboliquement, lors d’une manifestation contre le génocide en cours à Gaza, ils détruisent leur ordre d’incorporation. Qui sont ces jeunes ? Font-ils partie d’un mouvement plus important ou sont-ils une minorité ? Y-a-t-il une tradition du refus dans cette société pourtant particulièrement militarisée ?

En 2008, j’entreprends de documenter la résistance à la construction du mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie du côté israélien. Les militants israéliens qui participent aux manifestations dans les petits villages de Cisjordanie ont pour la plupart refusé de faire l’armée.

Dans le village de Ni’ilin, le 29 juillet 2008, Ahmed Mousa, âgé de 10 ans, est abattu par un soldat israélien d’une balle dans la tête. J’assiste à ses funérailles, durant lesquelles Youssef Amireh, 17 ans, tombe à son tour, tué par l’armée d’occupation.

À cette époque, je ne comprends pas grand-chose à la société israélienne et je veux donc arriver à saisir les mécanismes systémiques et historiques de ce monde capable de tuer des enfants pour… « la sécurité ». Je choisis le prisme du refus de l’armée.

J’interviewe, je dialogue, j’enregistre et je réalise ensuite un portrait en extérieur avec un appareil argentique. La plupart des jeunes refuzniks sont rassurés par mes questions bienveillantes. Ils ont l’habitude de la presse israélienne dont certains journalistes sont parfois dédaigneux ou agressifs.

Je vais poursuivre cette démarche jusqu’en 2017, date à laquelle nous publions avec les éditions Libertalia et le soutien d’Amnesty Internat


[1] Association israélienne créée à la suite de l’invasion du Liban par Israël en 1982 qui a pour objectif de promouvoir et de soutenir le refus de servir dans l’armée israélienne lorsque celle-ci commet des actes considérés comme des agressions ou s’engage dans des actions de répression.

Martin Barzilai

Photographe, Diplômé de l’École nationale supérieure Louis-Lumière.

Notes

[1] Association israélienne créée à la suite de l’invasion du Liban par Israël en 1982 qui a pour objectif de promouvoir et de soutenir le refus de servir dans l’armée israélienne lorsque celle-ci commet des actes considérés comme des agressions ou s’engage dans des actions de répression.