Face au génocide, quelle place pour l’histoire ?
J’ai souvent entendu dire que désormais, il ne faudrait plus faire cas de l’histoire du conflit israélo-palestinien si l’on souhaite faire advenir, sinon la paix comme harmonie, du moins la paix comme ligne de vie pour chaque peuple israélien et palestinien.

Avons-nous encore besoin d’histoire ?
La première fois pour moi, c’était lors d’un colloque de la Ligue des droits de l’homme (LDH) organisé pour penser ce qui se jouait dans les lynchages et autres émeutes qui virent s’affronter en mai 2021 l’extrême droite israélienne, Ben Gvir déjà, et les Palestiniens citoyens d’Israël, las de rester simples spectateurs dans le conflit qui oppose leur peuple à l’armée d’occupation en Cisjordanie et à Jérusalem et aux colons qui s’en emparent. Ce colloque se tenait dans les locaux de l’EHESS à Aubervilliers, à l’initiative de la section LDH de l’école à laquelle j’avais adhéré.
Le sociologue invité finit par dire explicitement : « il faut régler la question au présent et non pas en fonction des débats historiques ». L’anthropologue expliqua que l’histoire apparente n’était que le reflet d’une Nakba continuée et reflet de la structure coloniale du conflit depuis les tout débuts du mouvement sioniste. Le temps comme tel, sa forme, ses bifurcations voire ses boucles et autres nappes immobiles, ne faisait rien à l’affaire, encore moins les sujets de l’histoire, pourtant acteurs comme tels de gestes ayant permis cette Nakba. J’étais vraiment perplexe de voir la discipline à laquelle j’avais consacré ma vie refoulée comme inutile voire pernicieuse.
En mars 2025, le diplomate Gérard Araud a publié un ouvrage sur sa compréhension de cette région du monde et parle d’une « région accablée d’histoire ». Le titre annonce la couleur, Israël : le piège de l’histoire. Enfin dans le sens commun décolonial, tout était écrit d’avance dans l’idéologie sioniste, forme intriquée de nationalisme et de colonialisme. La dimension socialiste de ceux qui arrivaient depuis l’Europe des pogrom
