Société

Droits des personnes trans : où est la gauche ?

Politiste

Le Trans Day of Remembrance ce jeudi 20 novembre offre l’occasion d’interroger la possibilité d’une politisation robuste des droits des personnes trans au sein de la gauche française. Dans un contexte où les violences systémiques à leur encontre se conjuguent à une intensification des offensives réactionnaires, la gauche aurait à gagner à transformer son « réveil » contraint de 2024 en stratégie durable.

Chaque 20 novembre, le Trans Day of Remembrance entend rappeler dans l’espace public les formes de violences pléthoriques, systémiques, symboliques (discriminations sociales, violences institutionnelles, etc…) et, surtout, criminelles, dont sont victimes les personnes trans.

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Dans le respect des victimes, cette journée de mémoire appelle également une question de science politique : quel est aujourd’hui le degré de politisation des droits des personne trans au sein des partis de gauche en France ? Autrement dit, comment comprendre qu’un camp historiquement associé à l’égalité et à l’émancipation peine à produire un agenda structuré lorsqu’il s’agit des transidentités, alors même que ces questions font désormais partie intégrante du débat public sur le genre, les familles, l’égalité ?

Depuis le mariage pour tous, le champ politique français est traversé par l’activation durable d’un répertoire réactionnaire anti-genre, désormais capable de structurer les débats médiatiques et les temporalités parlementaires. Les personnes trans y occupent une place centrale en tant qu’ennemis. Elles sont construites comme figure de désordre, support d’une inquiétude « culturelle » autour de l’enfance, du sport, de la médecine ou encore de la « nature ». Cette exploitation d’un déport du regard – des violences subies vers une menace supposée – constitue l’un des ressorts de ce que la politiste Frédérique Matonti a qualifié d’hégémonie culturelle réactionnaire. Cette dernière réinscrit la hiérarchie des identités de genre au cœur de l’imaginaire national et influence la perception sociale des transidentités.

Dans ce contexte, la gauche française se qualifie par diverses prudences. Non par hostilité, mais sans doute par sur-anticipation des coûts politiques associés à une prise de position explicite : accusation de « wokisme », crainte de perdre certains segments électoraux dans un contexte politique qui ne le lui permet guère, souci de ne pas alimenter des controverses déjà sa


Jérôme Picaud

Politiste, Master 2 en science politique à Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Mots-clés

FéminismeGauche