Santé

Crise du système de santé : la question qu’on ne pose pas

Médecin, Chef de projet santé publique

Emmanuel Macron a réaffirmé lors de ses vœux aux soignants du 6 janvier son intention d’augmenter les moyens dévolus au système de santé et notamment à l’hôpital. Les solutions avancées vont toutes dans ce sens d’une augmentation des ressources qui ne réglera aucune des défaillances structurelles du système. Elles oublient en effet de penser sa finalité : la santé est-elle un bien commun ou un bien marchand ?

Les propositions de ravaudage du système de santé sont légion. Les actes de refondation sont singulièrement absents. L’ambition affichée du Conseil national de refondation (CNR) est au mieux un écran de fumée et au pire une imposture. Quels sont donc les intérêts à agir depuis cet horizon indépassable ?

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Malgré l’urgence, nous ne sortons toujours pas du cadre pour répondre véritablement aux difficultés structurelles et systémiques du système de santé. Et nous n’avons aucune chance de résoudre un problème que nous n’avons pas posé. Alors changeons de cap : déplaçons le centre de gravité du problème pour constituer une grille de lecture à travers laquelle cerner vraiment le réel.

La France consacre à la santé une part de PIB (4 % en 1960, environ 12,5 % en 2022) parmi les plus élevées au sein des pays de l’Union européenne sans que ce niveau de dépenses ne soit justifié par des différences significatives en termes d’état de santé de la population. En mars 2021, la densité médicale s’élevait à 318 médecins (médecins généralistes et spécialistes) pour 100 000 habitants, contre environ 119 en 1968.

Pourtant, les soignants dénoncent le délitement de leurs conditions d’exercice, déçus et découragés par « une crise sans fin ». Les Français, dans les territoires ruraux ou en ville, sont de plus en plus nombreux à souffrir d’inégalités d’accès à un médecin et a fortiori à une équipe traitante. Au bord de l’implosion, c’est bien le système de santé dans son ensemble qui est mis sous tension pour des raisons structurelles et systémiques et non circonstancielles. Le constat est connu. Des mesures d’ajustement seront-elles à mêmes de répondre à de tels enjeux ? Nous ne le croyons pas et il existe une alternative.

Si l’hôpital concentre presque toutes les attentions, c’est parce qu’il s’agit du seul secteur où l’on parle de service public sur lequel l’État a un pouvoir d’action directe. La médecine de ville est quant à elle dominée par l’exercice libéral des professionnel


Frédéric Jacquet

Médecin, Inspecteur de santé publique

Julian Martinez

Chef de projet santé publique

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