Patrick Bouchain : « Je me sépare de tous mes livres »
C’est en découvrant, dans les années 60, le catalogue d’une exposition du MoMa sur l’architecture vernaculaire que Patrick Bouchain s’est fait très jeune le vœu de ne jamais construire. Ce livre – L’Architecture sans architectes de Bernard Rudofsky – figure bien évidemment sur la liste des dix livres qu’il a concoctée pour jouer au jeu de l’île déserte qu’AOC propose régulièrement à la Fondation Pernod Ricard. Une liste éclectique d’où, pour une fois, s’absente toute la littérature ou presque et qui fait écho aux passions d’un inlassable pédagogue qui, au lieu de faire école, a eu l’audace, et c’est autrement plus rare et généreux, de créer des écoles. SB

Commençons par une question désormais classique pour notre série « Dans la bibliothèque de…» : te souviens-tu d’un livre qui, dans l’enfance, a constitué pour toi la porte d’entrée vers le monde de la lecture ?
Mon rapport au livre est assez particulier. Le frère de mon grand-père était un savant qui n’a pas eu d’enfants, et dont on a en quelque sorte bradé la bibliothèque. Mon grand-père m’a donné ses livres de prix du lycée Henri IV. C’était de très beaux livres reliés, de ceux qu’on offre en cadeau aux bons élèves. Il y avait des Jules Verne et des livres scientifiques, beaucoup de livres sur la géologie, l’ethnologie, mais aussi des livres classiques, ceux de Choisy par exemple, l’historien de l’architecture. J’avais, à côté de mon lit, une « bibliothèque impénétrable », comme on dit : elle était reliée, tout en bleu marine. Le livre qui m’a le plus marqué était un ouvrage sur les catastrophes naturelles, avec des images, tout un chapitre sur les tremblements de terre, les volcans. C’est un livre que j’ai gardé très longtemps. Et puis, un jour, je l’ai offert à un étudiant qui était surpris que je lui dise, justement, que c’était le premier livre qui m’avait marqué.
Offrir un livre, c’est quelque chose que tu fais souvent ?
Je me sépare de tous mes livres. En général, quand je lis un livre, que ce soi