Cinéma

Paul B. Preciado : « Je voulais faire une sorte de philosophie filmée »

Critique

Conçu à partir du livre de Virginia Woolf, Orlando : My Political Biography, le premier film du philosophe, écrivain et commissaire d’exposition Paul B. Preciado, sera montré en première internationale à la Berlinale ce samedi 18 février. Documentaire, mais pas seulement ; fable mais pas seulement ; manifeste mais pas seulement : c’est une autobiographie de Paul, philosophe trans, mais pas seulement.

Au dos de ses derniers livres, on peut lire en guise d’autobiographie express que Paul B. Preciado est philosophe, écrivain et commissaire d’exposition. On y dit aussi qu’il est l’un des penseurs contemporains les plus importants dans le domaine des études du genre. Tous ceux qui ont ouvert Testo Junkie, 2008, Un appartement sur Uranus, 2019, Je suis un monstre qui vous parle, 2020, ou Dysphoria Mundi, 2022 (tous chez Grasset) savent que Paul B. Preciado a choisi de ne pas marquer de frontières entre la théorie, l’autobiographie, le manifeste, l’activisme, l’Histoire et la poésie. Il faut désormais rajouter une ligne à ce sujet en perpétuelle mutation : Paul B Preciado est cinéaste. Orlando : My Political Biography est son premier film.

C’est un documentaire, mais pas seulement. C’est une fable mais pas seulement. C’est un manifeste mais pas seulement. C’est une autobiographie de Paul, philosophe trans, mais pas seulement. C’est un travail « à partir » du Orlando de Virginia Woolf qui va à la rencontre des potentialités d’un livre et des puissances qu’il délivre. Et qui raconte comment ces mêmes puissances (un personnage traverse les âges et se transforme en chemin d’homme en femme) se retrouvent dans le réel depuis la parution de Orlando en 1928. Et plus que jamais, aujourd’hui, en 2023. Chez Paul, comme chez d’autres Orlandos.

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Orlando, où comment ceux qui font dissidence (de l’assignation de genre, des limites que leur imposent les cadres issus de ce que l’on appelait autrefois l’essence) sont encore une fois ceux qui dessinent le présent et montrent à chacun, à tous, une voie. Politique, esthétique, et plus encore.

Cet entretien avec Paul B Preciado a eu lieu un mardi après-midi de la fin du mois de janvier, à Paris, dans le quartier de Belleville. Il devait initialement servir de base au dossier de presse du film. Mais sa durée de presque trois heures excédait largement les limites du genre. S’il en existe bien une version fortement resserrée, à usage


Philippe Azoury

Critique, enseignant à l'ECAL (Lausanne)

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