Des gauches en bien mauvaise santé
« L’acte de gouverner est indissociable dans la démocratie de l’acte de soigner »
Cynthia Fleury
S’il est généralement difficile de faire émerger des débats constructifs autour des politiques de santé dans l’espace médiatique et au sein des appareils politiques, force est de constater que ces quatre dernières années ont pourtant été riches en événements qui auraient dû permettre une prise de conscience de cette lacune et un retournement des choses : des mobilisations de 2019 pour l’hôpital public, à la pandémie de Covid-19 en passant par les pénuries aggravées de médicaments essentiels ou encore les effets des vagues de chaleur de l’été 2023 et du dérèglement climatique sur les corps et les esprits, tout concordait pour que les politiques de santé et leur rôle central dans la vivacité de notre contrat social soient au cœur des débats.
Repolitiser la santé
Dans ce contexte, il était légitime d’attendre des partis de gauche[1] qu’ils se saisissent enfin de cet enjeu, non comme d’une politique sectorielle parmi d’autres, mais bien comme un socle transversal qui irrigue l’ensemble des autres champs d’action publique. Qu’ils s’en saisissent et qu’ils en fassent une priorité de leur agenda médiatique, par exemple pendant les campagnes électorales, et du rapport de forces avec la majorité de droite.

Car les politiques de santé font, depuis une vingtaine d’années, l’objet d’une forme de consensus étonnant (et pour partie bienvenu), quels que soient les bords ou tendances politiques. La lutte contre les inégalités sociales de santé, la nécessité de déployer des politiques de santé environnementale et jusqu’à la défense de l’hôpital public, peu se risquent aujourd’hui à contester la pertinence des orientations portées notamment par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Et pourtant, derrière cet apparent consensus, des logiques politiques divergentes et antagonistes sont à l’œuvre. Premièrement car les discours des partis ayant contribué à la situation actuelle,