Sur la crise démocratique israélienne
La crise politique et institutionnelle qui secoue Israël depuis plusieurs mois suscite bien des commentaires dont la plupart réactivent une équation inepte selon laquelle il y aurait incompatibilité entre le fait juif et le fait démocratique. Pourtant, les opposants à Netanyahou revendiquent pleinement d’être juifs, et n’opposent pas leurs revendications touchant à la question de l’État de droit et leur culture juive.

D’une certaine façon, prétendre à une contradiction entre le judaïsme et la démocratie, c’est donner raison aux fanatiques religieux en pensant le fait juif hors de son histoire qui est au contraire profondément intriquée avec le fait démocratique. Et d’ailleurs le judaïsme, y compris dans ses textes sacrés, est-il autre chose que son histoire ? Est-il autre chose que ce que Sartre aurait appelé sa « facticité historique » qui l’a noué au monde depuis les premiers mots de la Genèse jusqu’à la création de l’État d’Israël, et donc jusqu’à aujourd’hui ?
Comprendre la crise actuelle suppose de sortir de l’agitation hystérique du fétiche religieux par les extrémistes. Cette crise appartient à la séquence contemporaine occidentale, et non à une prétendue spécificité culturelle qu’exhibent toujours les fascistes pour justifier la rupture avec l’universel. Ce que vit Israël aujourd’hui ne diffère en rien de ce qui s’est déroulé aux États-Unis avec Trump, au Brésil avec Bolsonaro, en Hongrie avec Orban…, avec une seule différence qui, on peut l’espérer, va s’amenuiser comme les événements récents de Pologne le laissent entrevoir : la levée en masse du peuple israélien contre la tentative de coup d’État menée par Netanyahou voulant assujettir la Loi à ses propres intérêts.
Le projet du gouvernement populiste d’extrême droite vise à affaiblir considérablement l’unique contre-pouvoir institutionnel en Israël, à savoir la Cour suprême dont les décisions pourraient désormais être contournées en lui interdisant de se prononcer sur la validité de toute loi f