Intelligence Artificielle et extinction
« Le jour ou l’être humain aura surmonté,
donc réduit la perversion externe,
soit la monstruosité de l’hypertrophie des « besoins »,
et consentira en revanche à sa perversion interne,
soit à la dissolution de son unité fictive,
une concordance s’organisera entre
le désir et la production de ses objets
dans une économie rationnellement établie
en fonction de ses impulsions ; donc une gratuité
de l’effort répondra au prix de l’irrationnel. »
Pierre Klossowski, La monnaie vivante
Ces derniers mois, les pétitions signées par des entrepreneurs et des chercheurs se sont multiplées[1], nous prévenant des terribles dangers de l’IA et exigeant un moratoire, des comités d’éthique et de réflexion, des législations et des régulations de toute sorte ou une interdiction pure et simple comme dans le cas de Sciences Po.

Le risque encouru par un usage irréfléchi de cette technologie est terrifiant et porterait le nom d’extinction. L’IA, brutalement devenue autonome du fait de son fonctionnement récursif[2], figure achevée du développement techno-scientifique, pourrait mener notre espèce à sa perte : la disparition pure et simple, jusqu’au dernier d’entre nous.
Si ce scénario semble tout droit tiré d’un film de SF comme Terminator, la qualité de certains signataires, tels que Joshua Bengio ou Geoffrey Hinton, nous oblige à le prendre en considération. On aura beau remarquer que ces pétitions extinctionnistes pourraient constituer une simple stratégie marketing pour concentrer l’attention du public sur un nouveau produit, car qu’on en parle en bien ou en mal, on en parle. On pourra ajouter que cet affect est courant par rapport au développement technologique où la critique et le solutionnisme sont solidaires et s’entretiennent de manière à former une configuration mentale de l’infrastructure, alternant entre la nécessité d’agir et le découragement de l’impuissance. On pourra ajouter qu’à peine signée une de ces pétitions, Elon Musk s’est empressé d’investir dans des unités d