Migrants : qui pour dire la splendeur de ce qui vient ?
Le 23 septembre à Marseille, le Pape François prononce un discours d’une force exceptionnelle. « Les migrants n’envahissent pas, mais cherchent l’hospitalité », clame-t-il devant 60 000 fidèles réunis dans l’enceinte du Stade Vélodrome.

Le chef de l’Église catholique de fustiger alors l’Europe devenue criminelle, rongée par un « fanatisme de l’indifférence ». Et de pleurer cette tragédie qui « ensanglante la Méditerranée », cette Mare Nostrum qui « porte en elle une vocation universelle de fraternité ».
Ces paroles, retransmises à l’envie, soulagent et réorientent en ces temps terriblement confus. Elles permettent de rendre leur éclat à certaines évidences, de réanimer la langue face à quiconque tient encore le discours de la fermeté et de la fermeture. Ces paroles offrent certains appuis nouveaux dans la bataille, plus de souffle encore pour rappeler que les criminels sont les États européens qui entravent le sauvetage en mer Méditerranée, non les ONG qui quotidiennement s’y emploient ; que toutes les polices aux frontières sont les complices objectives des passeurs dont le commerce n’est jamais plus florissant que lorsque le passage est empêché ; que les hors-la-loi sont les organisations qui font violence aux personnes cherchant refuge, non les collectifs se mobilisant sur mer comme sur terre pour les sauver, les soigner, les accueillir ; que les véritables illégaux sont les partisans du rejet desdits « clandestins », non les sans-papiers eux-mêmes que les lois reconnaissent et que le droit d’asile abrite, sommet de civilisation s’il en est.
Aux identitaires, la messe a donc été dite à Marseille, et plus rien ne saurait encore tenir de leur charabia, dit « théorie du grand remplacement », proféré au nom d’une prétendue civilisation en danger : officiellement, la raison chrétienne leur donne tort ; officiellement, l’identité européenne et indissociablement méditerranéenne porte en ses fondements l’hospitalité radicale, et ne s’y oppose donc pas ; officie