International

Les percées rampantes de l’armée ukrainienne – Ukraine : le temps des doutes 2/2

Économiste

La contre-offensive ukrainienne, commencée début juin, se poursuit à son rythme. Marquée par un changement de tactique – la guerre en rampant, avec des bonds en avant technologiques sur mer et dans les airs –, elle commence seulement à porter ses fruits.

L’été a vu s’affronter non seulement Russes et Ukrainiens, mais les doctrines militaires au sein du « camp pro-ukrainien ». Dans la presse ont fuité de lourdes critiques d’une partie de l’establishment US (et sans doute otanien) contre la tactique et la stratégie ukrainienne.

publicité

Ces critiques se développent en trois volets :

– La contre-offensive ukrainienne se disperse en trop de fronts au lieu de se focaliser sur un point central (« centre de gravité » chez Clausewitz).

– Elle n’utilise pas sur ce point central la quinzaine de brigades formées et équipées par l’Otan pendant l’hiver et le printemps.

– Du coup elle n’aura que peu avancé quand la bloquera la raspoutitsa d’automne.

La réponse ukrainienne est la sanction des faits :

– L’offensive printemps-hiver des Russes n’ayant pas culminé partout, elle se poursuit à l’été et encore à l’automne en au moins trois endroits : l’extrême nord-est (ligne Kreminna-Svatove-Koupiansk), et deux points de la banlieue de Donetsk à l’est, Avdiivka et Marïnka, que l’Ukraine ne peut pas abandonner bien que non-stratégiques pour elle, car une percée russe pourrait avoir des conséquences désastreuses. En fait, la seule initiative ukrainienne de « dispersion de ses forces » est la controffensive à Bakhmout : on y reviendra.

– Au sud, véritable « centre de gravité », c’est précisément l’école Otan qui a échoué début juin devant les formidables fortifications édifiées par les Russes pendant l’hiver-printemps, et leur tactique de défense flexible. L’Otan ne sait tout simplement pas comment enlever une telle ligne défensive (on l’avait déjà vu à Bassora pendant la guerre du Koweït). Les Ukrainiens, condamnés en outre à mener une offensive sans aviation d’appui et sans supériorité de l’artillerie (du jamais vu depuis 1918 et le percement de la ligne Hindenburg) ont dû inventer une autre tactique, à pied et en rampant, qui commence seulement (en septembre) à porter ses fruits : on y reviendra.

– Du coup, la raspoutitsa d’automne est


Alain Lipietz

Économiste, Ancien député européen (Vert)

Mots-clés

Guerre en Ukraine