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La victoire de Poutine et la « magnifique Russie du passé  »

Politiste

Des « élections » présidentielles ont lieu du 15 au 17 mars 2024 en Russie et dans les territoires ukrainiens militairement occupés. Des votes, anticipés et facilitant donc toutes les fraudes, ont commencé dès le 25 février, et d’autres se feront de façon électronique. Vladimir Poutine, soixante et onze ans, sera élu président pour la cinquième fois et pour six ans. Il aura un pourcentage élevé des voix et, le cas échéant, il pourra se représenter en 2030 pour six années supplémentaires.

Vladimir Poutine est devenu président de Russie en 2000. « Ancien » du KGB – mais il n’y a pas d’« anciens » dans ce genre d’organisations –, directeur du FSB, il a été choisi par une équipe de communicants politiques de l’Administration présidentielle en 1999 pour remplacer Eltsine. Il fallait un candidat qui accepte de ne pas sanctionner les proches de Boris Eltsine pour les détournements de richesses commis aux cours des années 1990 et qui puisse plaire aux Russes. Un sondage a montré que ceux-ci rêvaient d’un « Stirlitz », le héros d’une série télévisé des années 1970, un agent secret soviétique infiltré au cœur du pouvoir nazi pendant la guerre. Vladimir Poutine correspondait au profil[1]. Tout a donc été fait pour assurer son élection en 2000, et le déclenchement d’une nouvelle guerre en Tchétchénie a permis au candidat choisi de poser à bord d’avions militaires, tandis que se renforçaient les angoisses de la société russe.

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En 2004, Poutine a été réélu grâce à une authentique popularité : il était jeune, dynamique, et disposait de quelques bons ministres qui, grâce à la hausse spectaculaire des prix du pétrole sur les marchés mondiaux, avaient entrepris de rétablir les équilibres financiers de la Russie. Celle-ci semblait alors se moderniser, même si les libertés publiques se réduisaient déjà. La Constitution de 1993 interdisait un troisième mandat consécutif : Poutine s’est donc écarté, laissant la place pour quatre ans au falot Dimitri Medvedev qui, malgré ses déclarations niaises – « La liberté, c’est mieux que la non-liberté… » – a semblé à certains incarner un renouveau. Mais le pouvoir restait entre les mains de l’équipe poutinienne et, notamment, des « anciens » du KGB installés à des postes décisionnaires dans tout le pays.

La vie politique a pris un tournant en 2011, quand la société russe, et notamment ses jeunes, ont appris que Poutine comptait se représenter et, donc, être réélu : déjà, la falsification des élections ne faisait plus de do


[1] Cécile Vaissié, « Gleb Pavlovski, l’apprenti-sorcier au blouson vert (suite) », Desk, 27 mai 2023.

[2] GorbaČev M.I., Gornakova O.M., Goranskij A.N (i drugie), Manipuljativnye texnologii v izbiratel’nyx kampanijax Rossii 1, Moscou, Krasnye Vorota, 2003, p. 41-44.

[3] « Kremlin Leaks: Secret Files Reveal How Putin Pre-Rigged His Reelection », Vsquare, 26 février 2024,

[4] Ibid.

[5] Voir le film de Ksenia Bolchakova et Véronika Dorman, Russie : un pays qui marche au pas., 2023.

[6] Elena Koneva, « La Russie au bord d’une troisième année de la guerre et des « élections » présidentielles » (pdf), Extreme Scan.

Cécile Vaissié

Politiste, Professeur en études russes, soviétiques et postsoviétiques à l’université Rennes 2

Notes

[1] Cécile Vaissié, « Gleb Pavlovski, l’apprenti-sorcier au blouson vert (suite) », Desk, 27 mai 2023.

[2] GorbaČev M.I., Gornakova O.M., Goranskij A.N (i drugie), Manipuljativnye texnologii v izbiratel’nyx kampanijax Rossii 1, Moscou, Krasnye Vorota, 2003, p. 41-44.

[3] « Kremlin Leaks: Secret Files Reveal How Putin Pre-Rigged His Reelection », Vsquare, 26 février 2024,

[4] Ibid.

[5] Voir le film de Ksenia Bolchakova et Véronika Dorman, Russie : un pays qui marche au pas., 2023.

[6] Elena Koneva, « La Russie au bord d’une troisième année de la guerre et des « élections » présidentielles » (pdf), Extreme Scan.