Numérique

De la traduction à la post-édition

Traductrice et enseignante-chercheuse

Les récents progrès des logiciels de traduction automatique neuronale et des intelligences artificielles génératives poussent de plus en plus de lectrices et lecteurs à se satisfaire de résultats approximatifs et médiocres. Il devient donc urgent que les traductrices et traducteurs fassent mieux reconnaître leur indispensable travail de post-édition pour garantir la qualité des textes.

La traduction automatique (TA) a fait des progrès fulgurants ces dernières années, avec l’apparition de la traduction automatique neuronale (TAN) puis celle des intelligences artificielles génératives, créant des espérances folles et des peurs réelles.

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Espérances d’une communication multilingue aisée et bon marché, d’une diffusion multilingue de la science, d’une facilitation des échanges avec des communautés parlant des langues disposant de peu de ressources. Peurs d’une transformation rapide des services de traduction avec diminution du nombre de professionnels pour un volume de traduction toujours croissant, s’accompagnant d’une double perte : perte de qualité des traductions produites et perte de revenus pour les professionnels qui se verraient remplacés par des machines.

Certains langagiers préfèrent parler de prétraduction automatique plutôt que de traduction automatique, soulignant à la fois que le texte est produit par un moteur entraîné sur des algorithmes à la conversion automatique de texte d’un langage à l’autre, que ce produit n’est qu’une étape, et que le texte qui en sort nécessitera un travail qui, loin de s’apparenter à une relecture du texte d’arrivée (texte en langue cible), nécessitera un aller-retour entre celui-ci et le texte de départ (texte en langue source) que seuls les traductaires sont capables de mettre en œuvre.

L’utilisation de réseaux de neurones rend l’opération plus efficace : le moteur de traduction code le texte de départ, fait une série d’opérations algorithmiques à partir des ensembles de textes bilingues sur lesquels il a été entraîné, puis ces opérations sont décodées en un texte dans la langue d’arrivée. Toutefois, un certain travail sur le texte ainsi généré est souvent nécessaire. C’est ce travail, qui consiste à modifier et à corriger si nécessaire un texte résultant d’une TA, que l’on nomme post-édition (PE)[1]. Or, ce nom, comme le verbe décrivant la tâche « post-éditer » et la personne effectuant celle-ci, le


[1] Voir la norme ISO 18587 :2017 (fr). Certaines définitions incluent la traduction automatique de la parole dans la TA. Toutefois, dans le présent article, nous ne traiterons que de la traduction automatique de texte.

[2] Lucas Nunes Vieira, « Post-Editing of Machine Translation » In Minako O’Hagan, The Routledge Handbook of Translation and Technology, pp. 319-335, 2019. Sur la pratique de la PE, voir les articles d’Anne-Marie Robert ; voir aussi le numéro spécial de la revue de l’OTTIAQ (Ordre des traducteurs et des terminologues du Quebec).

[3] Voir PowerPoint Presentation; et pour la France Présentation SFT et L’ATLF a interrogé ses adhérents sur la post-édition.

[4] Voir l’étude : Écrire en langues. Entre traduction automatique et hégémonie globish, le multilinguisme comme horizon réaliste pour les revues de sciences humaines et sociales et le projet Operas avec son volet français.

[5] Nicolas Froeliger, Claire Larsonneur et Giuseppe Sofo,Traduction humaine et traitement automatique des langues, vers un nouveau consensus ?, Edizioni Ca’ Foscari, 2023.

[6] mǎ kèlóng fābiǎo quánguó jiǎnghuà, néng shuōfú shìwēizhě men tuōxià « huángbèixīn » a马克龙发表全国讲话,能说服示威者们脱下 « 黄背心 » 吗? (people.com.cn) Renmin wang 人民网 (Publié le 11/12/2018). Tous les exemples sont issus de P. Elbaz, L. Shen, Manuel pratique de traduction chinois-français, français- chinois, Ellipses, 2023.

[7] Nàtiān, wǒ yóurú yígè chīhàn bān zài lièrì xià yǔ wǎngbā zhījiān yóudàng, kàndào niánqīng de shàonián huòshì gūniang biàn yuèyuèyùshì de xiǎngyào dāshàn。那天,我犹如一个痴汉般在烈日下与网吧之间游荡,看到年轻的少年或是姑娘便跃跃欲试的想要搭讪。

[8] Plus d’exemples dans cette conférence à l’UdM.

Pascale Elbaz

Traductrice et enseignante-chercheuse, Docteure en langues, littératures et sociétés du monde ; Enseignante-chercheure à l’ISIT, chercheuse associée à l’IFRAE (Institut de Recherche sur l'Asie de l'Est)

Rayonnages

SavoirsTechnologie

Mots-clés

IA

Notes

[1] Voir la norme ISO 18587 :2017 (fr). Certaines définitions incluent la traduction automatique de la parole dans la TA. Toutefois, dans le présent article, nous ne traiterons que de la traduction automatique de texte.

[2] Lucas Nunes Vieira, « Post-Editing of Machine Translation » In Minako O’Hagan, The Routledge Handbook of Translation and Technology, pp. 319-335, 2019. Sur la pratique de la PE, voir les articles d’Anne-Marie Robert ; voir aussi le numéro spécial de la revue de l’OTTIAQ (Ordre des traducteurs et des terminologues du Quebec).

[3] Voir PowerPoint Presentation; et pour la France Présentation SFT et L’ATLF a interrogé ses adhérents sur la post-édition.

[4] Voir l’étude : Écrire en langues. Entre traduction automatique et hégémonie globish, le multilinguisme comme horizon réaliste pour les revues de sciences humaines et sociales et le projet Operas avec son volet français.

[5] Nicolas Froeliger, Claire Larsonneur et Giuseppe Sofo,Traduction humaine et traitement automatique des langues, vers un nouveau consensus ?, Edizioni Ca’ Foscari, 2023.

[6] mǎ kèlóng fābiǎo quánguó jiǎnghuà, néng shuōfú shìwēizhě men tuōxià « huángbèixīn » a马克龙发表全国讲话,能说服示威者们脱下 « 黄背心 » 吗? (people.com.cn) Renmin wang 人民网 (Publié le 11/12/2018). Tous les exemples sont issus de P. Elbaz, L. Shen, Manuel pratique de traduction chinois-français, français- chinois, Ellipses, 2023.

[7] Nàtiān, wǒ yóurú yígè chīhàn bān zài lièrì xià yǔ wǎngbā zhījiān yóudàng, kàndào niánqīng de shàonián huòshì gūniang biàn yuèyuèyùshì de xiǎngyào dāshàn。那天,我犹如一个痴汉般在烈日下与网吧之间游荡,看到年轻的少年或是姑娘便跃跃欲试的想要搭讪。

[8] Plus d’exemples dans cette conférence à l’UdM.