Avec « Saison sèche », Phia Ménard récolte la révolte
Si la force de frappe des spectacles de Phia Ménard tient principalement à leur puissance et leur inventivité visuelles, son verbe n’en est pas moins acéré et assuré : elle avait pu ainsi nous affirmer sans ciller, dans un entretien donné l’an passé, que « le patriarcat [était] une association de malfaiteurs ».

Rangée dans la catégorie des « indisciplines » au Festival d’Avignon, cette indisciplinée, qui (in)jongle tant avec les genres qu’avec les hiérarchies artistiques, est une adepte des métamorphoses. Née dans un corps d’homme, elle livre combat contre les assignations et les éléments : dans P.P.P. (2008), elle luttait avec la glace ; dans Vortex (2011), elle était aux prises avec une tempête de sacs plastiques. Par le truchement de l’intime et du plateau, elle sublime les préoccupations vécues dans sa chair dans un langage scénique qui réinterprète le principe de Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, la matière se transforme.
À travers ce travail plastique, elle offre une voix singulière et radicale, et peut-être singulière car radicale, dans le paysage théâtral français. En mars dernier, elle notait qu’elle réfléchissait « peut-être moins à des problèmes de genre qu’à la place des femmes dans la société ». Désormais du côté des « perdantes », elle a fait de ce déplacement le cœur de son spectacle Saison sèche, présenté en juillet dernier à Avignon. En effet, cette performance organique met en scène un rituel où sept femmes se donnent comme objectif de « détruire la maison du patriarche ». L’image y devient littérale : les murs s’écroulent à mesure que le temps s’écoule.
Sous la chape de plomb des oppressions, représentée par le plafond bas, les sept danseuses sont allongées, jambes impudiquement écartées, vêtues de robes mal coupées.
En janvier dernier, le philosophe trans Paul B. Preciado proposait de lire Weber avec Butler, et soumettait une analogie aussi éclairante qu’incisive : « la masculinité est à la société ce que l’État est à la nation : le