Politique

Après le désastre du 9 juin, face au défi

Économiste

Pour comprendre la double catastrophe française du scrutin européen – progression spectaculaire de l’extrême-droite et effondrement des écologistes, il faut articuler causes internes (effet des politiques macronistes, mauvaise campagne) à une tendance générale européenne, voire mondiale.

Il y a deux façons d’envisager la double catastrophe des élections européennes en France : le bond en avant de l’extrême-droite (38,8% dont 31,4% pour le RN), l’effondrement d’Europe-Écologie-Les Verts (5,5 %). Soit on se polarise sur les causes internes (l’effet des politiques macronistes, une mauvaise campagne des écologistes français). Soit on considère ce résultat français comme un cas particulier d’une double tendance générale européenne, voire mondiale, tendance qui se matérialise par des processus contingents à chaque espace politique national. Nous faisons le pari que les deux approches doivent se combiner.

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Le résultat français se reproduit quasi à l’identique au niveau de l’Union européenne, ce qui prêche pour un effet local d’une conjoncture globale. Du reste, l’Union européenne a cessé depuis longtemps d’être un « contexte extérieur » aux politiques nationales, et les mêmes causes y produisent partout les mêmes effets. Les électeurs l’ont compris bien avant les directeurs de rédaction : puisque « c’est là que ça se passe », la participation électorale aux élections européennes ne cesse de croitre, au contraire des autres élections. Cependant certains pays échappent à la règle, ce qui indique que les conjonctures nationales conservent un poids certain. Bien sûr, nous allons ici donner la plus grande place à l’analyse du cas français, mais pour relativiser cette analyse, il peut être intéressant de mesurer d’abord ce que ce cas doit à « l’esprit du temps », la conjoncture européenne et même mondiale.

La semi-victoire de Poutine

En mars 2017, à la veille des élections présidentielles en France, Vladimir Poutine adoubait la candidate Marine Le Pen et déclarait « Un arc politique nouveau se dessine en Europe et recueille de plus en plus de succès ». Le succès, cette année, des extrêmes-droites européennes dont la plupart refusent de soutenir l’Ukraine et de sanctionner l’agression russe marque incontestablement une nouvelle victoire de cet « Arc » qu


Alain Lipietz

Économiste, Ancien député européen (Vert)