Se préparer aux pandémies et au réchauffement climatique
Les pandémies et le réchauffement climatique figurent, d’après les experts internationaux, parmi les plus grandes menaces auxquelles l’humanité est exposée dans le demi-siècle à venir. Il ne s’agit pas de menaces naturelles, comme dans l’imaginaire des tremblements de terre ou des ouragans que nous avons hérité de la pensée des Lumières, c’est-à-dire que nous pouvons prévoir par des calculs de probabilité appliqués à une nature mesurable.
Ce sont des menaces d’origine anthropique, puisqu’elles sont causées par l’action de l’humanité sur la planète : l’extinction d’espèces sauvages et l’élevage industriel d’animaux domestiques favorisent l’émergence de nouveaux pathogènes, et l’émission de gaz à effets de serre conduit à une augmentation globale de la température de la planète. L’accélération de cet effet anthropique depuis ce que les géologues ont proposé d’appeler l’Anthropocène, et qu’ils datent le plus souvent du milieu du vingtième siècle, l’a rendu imprévisible selon les modèles appliqués jusque-là aux risques naturels. Il ne s’agit plus de prévoir des menaces mais de se préparer à leurs effets catastrophiques. D’où la nécessité de lier causalité naturelle et responsabilité sociale.

Au cours des vingt dernières années, les crises sanitaires qui résultent de ces deux menaces se sont multipliées et leurs effets sur les crises politiques dans lesquelles se débattent les sociétés contemporaines sont incontestables, quoique peu documentés. La crise du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), la grande canicule de 2003[1], la pandémie de grippe H1N1 en 2009 et la pandémie de Covid-19 nous ont montré que la même causalité est à l’œuvre dans l’émergence de nouveaux pathogènes et dans l’augmentation des températures globales, et nous a conduits à poser la question : en quoi l’expérience de la pandémie, crise brutale qui interrompt les activités au niveau global, nous prépare-t-elle aux effets du réchauffement climatique, crise plus lente mais qui affecte plus