Jacques Rougerie : « Dans l’Aquabulle, c’était moi le poisson rouge ! »
Habiter la mer et habiter avec elle, voilà le programme de Jacques Rougerie, architecte, océanographe, académicien mondialement connu qui, depuis plus de cinquante ans, a conçu, développé et construit des habitats marins, sous-marins et littoraux. Son travail fait actuellement l’objet d’une exposition monographique à la Villa Noailles à Hyères, sous le commissariat de MBL architectes.

L’exposition présente une sélection riche de ses archives personnelles, dont certaines inédites, dans une scénographie particulièrement réussie visant à nous immerger subtilement, nous autres terrestres, dans le travail et la pensée de cet architecte hors-du-commun qui a détenu, au début des années 1990, le record mondial du temps passé sous la mer. Parmi ses projets, l’Aquabulle, un refuge sous-marin entre deux eaux, inspiré de la forme d’une méduse qui permet de « déjeuner sous l’eau », Galathée, maison sous-marine conçue pour quatre personnes, ou encore l’Aquaspace, son propre bateau à la coque transparente qu’il a construit pour l’observation des baleines. Nourri par l’utopie et la science-fiction, ses projets, pourtant bien ancrés dans le réel, nourrissent la soif de connaissance de cet être mérien pour qui « la pénétration des êtres sous la mer est le destin de l’humanité. » OR
Jacques Rougerie : Si j’avais eu une fille, je l’aurais appelée Océane. Mon fils s’appelle Marin. Vous connaissez la différence entre un marin et un mérien ?
Expliquez-moi…
À travers les siècles, vous aviez les terriens et les marins. La philosophie, la perception et l’imaginaire de ces mondes sont différents. Être un mérien, un homme, une femme ou un être humain du monde sous-marin entraîne une autre psychologie, une autre philosophie sur ce monde naissant. Du coup, je parle de mériens. Sous la mer, je ressens la fragilité du monde. On se sent autrement, on a une autre vision de la vie et de son équilibre fragile, on a d’autres visions.
Aujourd’hui, on parle beaucoup des terrestres. C’est encore