La légalisation du cannabis en Allemagne : une réforme contrariée ?
En 2024, l’Allemagne est devenue le troisième pays de l’Union européenne (après Malte en 2021 et le Luxembourg en 2023), et le cinquième au monde à choisir la voie de la légalisation du cannabis à usage « récréatif », après en avoir légalisé l’usage à des fins médicales en 2017. Après la Californie et le Canada en 2018, il s’agit du territoire le plus peuplé à légaliser la consommation de cannabis, ébréchant encore un peu plus le consensus international autour de l’interdiction qui prévaut depuis plus d’un siècle.

Ce mouvement de réforme visant une « sortie de la prohibition » a été amorcé en 2012-2013, d’abord dans quelques États américains (via des référendums locaux) et en Uruguay (sous l’impulsion du Président José Mujica), avant de s’étendre à d’autres pays, y compris au sein du G7, à l’image du Canada en 2018 (la légalisation du cannabis constituant une promesse électorale du Libéral Justin Trudeau). Ces initiatives réformatrices donnent lieu à des schémas de régulation politique du cannabis très variés, qui s’inspirent et se nourrissent les uns des autres et forment un nuancier de plus en plus large de politiques publiques alternatives à la prohibition.
Alors que les marchés légaux du cannabis se développent rapidement dans différents points du globe, représentant un marché mondial estimé à 60 milliards d’euros d’ici à 2025 selon New Frontier Data – premier cabinet de consulting spécialisé dans l’analyse de l’industrie mondiale du cannabis –, l’architecture de ces politiques de « régulation du cannabis » et les instruments qu’elles mobilisent ne cessent de se diversifier, chaque juridiction développant son propre modèle. Dans ce contexte, la mise en place du « modèle allemand » suscite une attention internationale soutenue, tout autant qu’elle cristallise les critiques, de la part des instances européennes et des pays voisins mais aussi de certains des 16 Länder qui contestent la décision fédérale de légaliser. Ces critiques sont redoublées par les