Lætitia Dosch : « J’aime bien quand on ne sait pas si on doit rigoler ou pas rigoler »
Depuis sa découverte en tête d’affiche du joyeux foutoir politique et familial de La Bataille de Solférino (Justine Triet, 2012), Laetitia Dosch s’est imposée comme l’une des comédiennes les plus libres et imprévisibles du cinéma français. Entre Jeune Femme (Léonor Serraille, 2017) et le récent Roman de Jim des frères Larrieu, on a régulièrement pris plaisir à retrouver sa palette de jeu, à la fois extravagante et maîtrisée, tout en indicibles passages entre fantasque, bonhommie et gravité. Elle passe aujourd’hui directement à la réalisation de son premier long-métrage Le Procès du chien. Elle y interprète Avril, avocate des causes perdues, qui doit défendre au tribunal un chien agresseur, directement placé à la barre du prévenu, quand son maître Dariuch (François Damiens) est relégué au statut de témoin déphasé.

Cette comédie humaine et canine, tantôt potache, tantôt inquiète, souvent ludique, permet surtout d’évoquer, par la bande, des sujets sur lesquels l’humour semble périlleux : statut de l’animal, xénophobie, violences faites aux femmes, populisme. Le fil retrouve en cela la vocation la plus noble de la comédie : agir comme soupape des crispations contemporaines, mais sans le faire aux dépens de ses personnages. Par sa vitalité et l’ardeur d’un casting qui s’en donne à cœur joie (Anne Dorval, François Damiens, Jean-Pascal Zadi), le film dresse même en filigrane le procès du cynisme de l’époque. Mais le film s’inscrit aussi dans la continuité de l’œuvre scénique de Laetitia Dosch, qui en 2018, avait écrit et mis en scène, Hate (tentative de duo avec un cheval), introspection poétique menée en compagnie d’un équidé sur la scène des Amandiers de Nanterre. Cette altérité avec l’animal apparaît comme une clef de sa conception de l’écriture et du jeu, à tous les sens du terme. J.L
D’où vient ce désir de réalisation ?
Le cinéaste et producteur suisse, Lionel Baier est venu voir Hate, la pièce que j’avais écrite avec un cheval et m’a dit : « Si tu es capabl