Économie

Condamner la vente d’une filiale de Sanofi ne saurait tenir lieu de stratégie économique

Haut fonctionnaire

L’annonce de la cession de plus de la moitié des parts d’une filiale de Sanofi qui produit le Doliprane au fonds américain CD&R a provoqué une tempête politique en France. Pourtant, dénoncer cette vente ne saurait constituer une véritable stratégie économique. La véritable menace à notre souveraineté économique réside davantage dans la délocalisation de l’industrie chimique et la difficulté à construire des « champignons nationaux » que dans la perte d’une société pas si française que ça.

La cession d’un peu plus de 50 % du capital d’Opella, filiale du groupe Sanofi à un fonds d’investissement américain a soulevé une tempête politique de plus en France. Elle risque de se perdre comme les autres dans le brouillard des indignations successives. Alors faut-il s’indigner de cette vente d’un actif industriel français, après bien d’autres dont nous avons pu mesurer les conséquences désastreuses, ou y a-t-il d’autres motifs d’indignation plus sérieux que la vente elle-même dans cette transaction ?

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La cession d’Opella au fonds américain CD&R représente l’aboutissement de la stratégie des dirigeants du groupe Sanofi, arrêtée depuis plusieurs années, et qui s’est traduite d’abord par la constitution d’une filiale au sein de laquelle ils ont logé tous les produits grand public, délivrés sans ordonnance, afin, assuraient-ils d’en permettre le développement… avant de décider de la vendre.

Un des produits phares de cette filiale de Sanofi est le Doliprane, l’antalgique le plus consommé par les Français (538 millions de boîtes délivrées en pharmacie l’an dernier) qui domine largement le marché français du paracétamol, mais il y en a bien d’autres (Mucosolvan, Dulcolax, Maalox…), des vitamines, des anti-allergiques…

Opella a réalisé un chiffre d’affaires mondial de 5,2 milliards d’euros en 2023. Elle a été valorisée 16 milliards d’euros pour son rachat par le fonds américain CD&R, soit environ 14 fois son EBITDA (acronyme anglais qui en français signifie : bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) estimé pour 2024. C’est un ratio élevé pour un rachat d’entreprise, mais pas forcément dans le secteur de la santé/ pharmacie pour lequel la valorisation moyenne retenue pour l’acquisition d’une entreprise est de 13,7 fois l’EBITDA.

Ce chiffre traduit surtout la forte rentabilité des capitaux investis dans les secteurs de la santé (cela aurait-il un lien avec le déficit de la sécurité sociale ?). Mais la rentabilité des investissements dan


Jean-François Collin

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