Daniel Steegmann Mangrané, précis d’inexistence
Récemment, j’ai découvert un appareil à ôter les tiques. Il s’agit d’une toute petite fourche en plastique à deux dents. On place l’appareil sous l’insecte en essayant de coincer le rostre entre ces dents. Ensuite, il suffit – paraît-il – de dévisser (dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, donc) afin de ne pas laisser les mandibules de la bête sous la peau. Je vais présentement faire la tique dans l’œuvre Daniel Steegmann Mangrané, visible jusqu’au 28 avril à l’IAC de Villeurbanne (« Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière ») et jusqu’au 6 mai à la Nottingham Contemporary en Grande-Bretagne. Merci de me dévisser à la fin.
Daniel Steegmann Mangrané est né à Barcelone en 1977 mais il travaille à Rio de Janeiro au Brésil. Certains magazines branchés prétendent que la forêt amazonienne est son atelier. Et c’est vrai qu’il aime bien les arbres et les insectes, surtout les phasmes, ces êtres étranges qui ressemblent à des brindilles et des feuilles jusqu’à être indiscernables. Ma première rencontre avec son œuvre remonte à l’hiver 2015. C’était à la Fondation Kadist (Paris XVIIIe) pour Kiti Ka’aeté (2011). Pour savoir ce qui signifie Kiti Ka’aeté, il suffit de demander au site de l’artiste : « Ka’aeté est le mot Tupi-Guarani pour la forêt profonde, qui est loin du territoire des hommes : c’est le lieu mythique où vivent les dieux et les esprits, où les chemins connus sont interrompus et où l’on ne pénètre pas. Kiti signifie couper avec un instrument tranchant, et donc par la main de l’homme, par la technologie. » Kiti Ka’aeté est aussi le titre générique d’une série d’œuvres, dont 16 mm et Phantom (voir plus loin).
En l’occurrence, ce Kiti Ka’aeté-là était un rectangle photographique de 17 x 13,5 cm, constitué de losanges assemblés représentant des vues de feuilles tropicales, collé en transparence dans un mur. Il ressemblait au résultat immobilisé d’un kaléidoscope dans la « Mata Atlântica » mais rétroéclairé, comme un vitrail. Je note l’en