De l’inaction des sociétés littorales face à la crise climatique
Au fil de mes contacts et rencontres sur le terrain de mes enquêtes sur le littoral, que ce soit avec des responsables politiques locaux, des acteurs économiques ou des citoyens ordinaires, j’ai constaté combien il est difficile pour ces différents groupes de prendre la pleine mesure des menaces liées aux dégradations marines et d’agir en conséquence.

Ces expériences m’ont fait réfléchir aux obstacles profonds qui empêchent les sociétés littorales de réagir face aux périls écologiques qui les menacent, malgré l’abondance de données scientifiques et de rapports alarmants.
Dans cette réflexion, deux hypothèses me semblent particulièrement pertinentes : d’une part, l’aveuglement consenti qui traverse les différents acteurs (politiques, économiques, citoyens), et d’autre part, un impensé du vivant, qui découle d’une banalisation des usages de la mer et d’une invisibilisation progressive de ses dégradations. En parallèle, cette situation me pousse aussi à questionner l’idée avancée par certains philosophes du vivant selon laquelle notre société contemporaine manquerait d’une sympathie et sensibilité écologiques.
Ces philosophes affirment que la « parenthèse du Covid », avec ses confinements et la réduction temporaire de notre impact sur la nature, aurait révélé cette sensibilité perdue. Mais à travers mon expérience, il semble que ce manque d’action ne s’explique pas seulement par un déficit émotionnel, mais bien par des logiques systémiques et comportementales bien plus complexes.
L’aveuglement consenti : une résistance consciente aux changements
Lorsque j’échange avec des élus locaux ou des décideurs politiques, malgré leur connaissance des menaces qui pèsent sur les littoraux – montée du niveau de la mer, érosion accélérée, destruction des habitats naturels –, il existe une forme de résistance consciente face aux actions qu’il serait nécessaire de prendre. Ils savent pertinemment que continuer à construire en bord de mer ou à soutenir un tourisme de masse da