La gauche socialiste va mourir…
En hommage à Bruno Latour
Depuis le décès de Bruno Latour survenu le 9 octobre 2022, plusieurs articles ont été écrits par ses collègues et ses amis dans AOC pour lui rendre hommage. Certains ont rapporté des anecdotes et d’autres des histoires, sur la manière dont ils ont collaboré avec ce penseur éminent, en montrant concrètement comment « la science est en train de se faire ».

Pour célébrer le septième anniversaire d’AOC il m’a semblé approprié, à mon tour, de rendre hommage à Bruno en racontant notre collaboration jusqu’à sa mort. En effet, AOC a été notre support de référence pour diffuser nos articles respectifs concernant notre préoccupation commune. Elle consistait à savoir comment entamer une nouvelle manière de penser et de concevoir un monde qui ne serait plus sous l’auspice de la tradition libérale et socialiste. L’un de ses jeux préférés – qui était en vérité sa méthode – était de provoquer dans le sens positif du terme, afin de nous faire sortir des sentiers battus pour nous obliger à penser autrement. Le titre de cet article est bien sûr une provocation. C’est ma manière de lui rendre hommage et de lui rester fidèle. En effet, j’ai juste remplacé le terme « nature » par « gauche socialiste » dans ce fameux passage de Politiques de la nature [1] qui a provoqué lors de sa parution la stupeur de la gauche écologiste, lorsqu’il écrivit que :
« La nature va mourir, ils (les écologistes) ne savent pas à quel point ils ont raison. Dieu merci, la nature va mourir. Oui, le grand Pan est mort ! Après la mort de Dieu et celle de l’homme, il fallait que la nature, elle aussi, finisse par céder. Il était temps : on allait bientôt ne plus pouvoir faire de politique du tout ».
Je pense que nous sommes dans le même cas de figure aujourd’hui avec la gauche socialiste. Sauf que je ne fais plus partie de ceux qui vont pleurnicher sur la disparition de cette tradition et qui rêvent d’abolir le « Capitalisme ». Pour autant, je ne suis pas devenu une personne de