Opinion

Pour une mise en scène détaillée, imaginons un théâtre tentaculaire avec plusieurs niveaux, chacun symbolisant un échelon de la politique maritime. Tout en haut, une loge luxueuse où siège le ministère de la Transition écologique, recevant des notes et dictant ses orientations sans jamais mettre un pied sur la scène. Plus bas, sur des estrades intermédiaires, on retrouve le Conseil National de la Mer et des Littoraux (CNML), un aréopage d’experts, de techniciens et d’universitaires débattant à coups de rapports et de recommandations. Plus bas encore, les représentants de l’État en charge des Documents stratégiques de façade, les Directions interrégionales de la mer (DIRM) et les deux préfets, régional et maritime, assistés par les comités de façade, et qui tentent de traduire en actes la Stratégie nationale pour la mer et le littoral, tout en composant avec les résistances locales, notamment par le truchement des débats animés par la Commission Nationale de Débat Public (CNDP).

Dans la fosse, les élus locaux, les pêcheurs, les associations et autres acteurs du littoral sont contraints d’assister à la représentation, semblables à des figurants dont la présence est requise mais dont la parole est de peu d’effet. Ils participent aux consultations/débats, interviennent lors des réunions, déposent des contributions, mais sans jamais pouvoir peser véritablement sur le scénario déjà écrit.

Leur parole est recueillie puis, dans le cas des débats publics, soumise à l’État qui, même s’il est dans l’obligation de répondre, ne gardera que les éléments compatibles avec les orientations définies en amont et les objectifs fixés. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’aborder les impacts des politiques d’énergies marines renouvelables ou de zones protégées, leurs revendications sont souvent noyées sous des arguments technocratiques et des impératifs économiques préalablement établis.

Quant au public, il est convié à jouer son rôle dans cette mise en scène pseudo-démocratique : il est