Musique malienne, la fin d’un âge d’or
C’est en découvrant l’identité du passager assis sur le siège près du mien que j’ai réalisé ce que signifiait ce voyage à bord d’un charter d’Air Méditerranée pour le Mali. Avec sa crinière aussi blonde, bouclée et abondante que celle de Julien Doré, son visage robuste de chevalier du Roi Arthur, aucun doute possible : j’allais bien partager l’inconfort d’un appareil recyclé d’une compagnie low cost pendant les sept heures de vol nous séparant de l’aéroport de Sévaré avec Robert Plant. Et je n’ai pas eu à attendre qu’une hôtesse place sur nos tablettes un plateau repas, rebaptisé aussitôt « plateau pitance », pour saisir l’incongruité de la situation.

Rappelons que l’ancien groupe de mon voisin de vol, dont il fut le chanteur, la figure de proue, l’aiguillon sexuel, s’appelait Led Zeppelin, symbole de la toute-puissance qu’exerça le rock’n’roll sur les cinq continents au cours des années 70. Savoir que lorsqu’ils étaient en tournée aux États-Unis, ces Éminences pesant des millions de dollars disposaient d’un jet floqué à leur nom susceptible d’être transformé, selon l’humeur, en casino ou baisodrome. Souvent les deux à la fois. Voir sa sérénissime altesse Robert Plant coincée dans cette bétaillère volante avait donc de quoi surprendre.
Mais finalement pas tant que ça. Notre destination finale, Essakane, oasis perdue dans les dunes de sable blanc à 70 kilomètres de piste de la ville sainte de Tombouctou, allait accueillir en ce début janvier 2003 une édition du Festival Au Désert rendue mémorable par une affiche où toute la diversité du Mali était représentée. Plus quelques VIP, dont mister Plant. Mémorable aussi par le vœu des organisateurs de ranimer à travers ce « Woodstock sahélien » la Flamme de la Paix. Sept ans plus tôt, des milliers d’armes avaient été brûlées sur une place de Tombouctou, mettant un terme à une guerre entre tribus Touaregs et forces gouvernementales maliennes qui ravageait le nord du pays depuis 40 ans.
Conforme au proverbe « chass