Archives du web : pour des partenariats public pirates
Le 1er février, une poignée de jours après la cérémonie de réinvestiture de Trump, le mythique site UbuWeb annonçait la reprise de ses activités après une période de suspension. Pendant une année environ, en effet, avait été arrêtée l’alimentation de son répertoire de productions artistiques et théoriques d’avant-garde, en cours depuis l’aube du Web.

Cette archive informelle de créations expérimentales avait été fondée en 1996 par le poète et théoricien Kenneth Goldmisth et n’avait cessé de croître jusqu’à l’année dernière : rigoureusement à l’extérieur du périmètre institutionnel et commercial, plus soutenu par un réseau international d’internautes complices que par des moyens économiques.
Début 2024, un point de conclusion avait été mis par un message déclarant qu’« UbuWeb n’était plus actif » bien que son « archive demeure entièrement et perpétuellement conservée ». Beaucoup avait déjà été fait au fil d’une petite trentaine d’années. Rentrer dans le patrimoine culturel international par la petite porte d’un bénévolat pirate était une réussite surprenante : ça pouvait suffire, le temps était venu de passer à autre chose, quelqu’un ailleurs aurait peut-être pris la relève… Mais non, finalement non, marche arrière : UbuWeb sort du congélateur !
Pourquoi ce retournement ? Que s’est-il passé ? Ce n’est qu’après une année dense d’évènements politiques et assaisonnée par la sauce piquante des élections présidentielles étatsuniennes que l’interruption s’est avérée temporaire. Ce n’était pas un point de fin, donc, mais des points de suspension conduisant à une reprise soudaine. Le court texte qui accueille aujourd’hui les visites du site ne cache pas les raisons contingentes qui ont justifiée la réouverture de l’activité du répertoire, resté consultable entretemps : « Aujourd’hui, avec les changements politiques en Amérique et ailleurs dans le monde, nous avons décidé de relancer l’archivage et de faire renaître Ubu. Dans un moment où notre mémoire collective es