Philosophie et politique, aller-retour
Mon propos sera d’abord personnel, une manière de retour d’expérience. Non exclusivement toutefois, car je suis intimement convaincu du moment unique que nous vivons tous, à l’échelle même du système Terre : celui du temps court, une dizaine d’années, qui nous échoit pour éviter l’embardée de la vie sur Terre. C’est le délai retenu par le GIEC dans son rapport SR15 pour éviter la dérive vers les 2° et au-delà. Dérive qui nous ferait sortir du tunnel de variations de la température moyenne propre au Quaternaire. Un délai probablement semblable, même s’il n’est pas quant à lui calculable, à celui de l’arrêt de la dynamique qui nous conduit à un effondrement du château de cartes des espèces vivantes.

Or, c’est en raison de ce kairos, que je me suis résolu à m’engager en politique. Je m’y suis lancé en acceptant d’être tête de liste aux dernières élections européennes, sans aucune expérience élective préalable, sans même d’expérience d’appareil partisan, si ce n’est brièvement à l’adolescence. J’évoquerai ce parcours européen, puis le moment actuel si particulier qu’il change le sens de l’engagement politique.
Je ne ferai qu’effleurer la question de l’abîme qui sépare le principe de l’égalité politique en démocratie de la distension des écarts de revenus qui caractérise l’évolution néolibérale des sociétés. La difficile compatibilité entre égalité politique et inégalités économiques et sociales constitue l’une des grandes questions de la philosophie politique moderne. Je renvoie à cet égard le lecteur au livre de Julia Cagé, Le Prix de la démocratie et à l’article publié très récemment par l’auteur de ces lignes dans la revue La Pensée écologique « L’écologie est-elle autoritaire, voire fasciste ? Ou bien résolument démocratique ? ». Je me bornerai à remarquer à quel point les élections européennes illustrent cette difficulté théorique.
Le coût pécuniaire de dépôt d’une liste constitue en effet un véritable cens. L’impression des bulletins de vote, à double par rapport