Critique

Ami lecteur, que préfères-tu ? Que je commence par te présenter Lætitia Bianchi, l’autrice ? Ou que je te résume son histoire ? En apparence, l’intrigue est simple : Bonampak est l’histoire vraie de la découverte d’une des plus belles pyramides du monde, un des plus fabuleux monuments anciens : le site de Bonampak, situé au Mexique, dans la région du Chiapas.

Cette merveille a été découverte récemment, à la fin de la seconde guerre mondiale et fut édifiée par les ancêtres mexicains mayas. Quant à Lætitia Bianchi, déesse aux mille talents, elle décompose ce récit, brise les illusions, subvertit nos certitudes et mime l’ignorance avec une drôlerie et une inventivité langagière qui coupent le souffle. Esprits sérieux, passez votre chemin, ou laissez-vous aller entièrement et riez.

Il convient décidément de présenter Lætitia Bianchi parce que ce n’est pas une autrice tout à fait comme les autres. Elle a peu écrit au sens usuel mais beaucoup œuvré au sens fort. Née en 1976, elle est franco-mexicaine : n’hésitons pas à nous contredire en affirmant que sa demi-nationalité mexicaine compte (rapport vie/auteur). Elle est éditrice à l’échelle artisanale, hors des sentiers battus, prolongeant la tradition des éditeurs-imprimeurs indépendants, curieux et créatifs. Internet permet de découvrir le site de ses éditions du Tigre, aujourd’hui défuntes, et celui de ses éditions Mexico, qui leur ont succédé : l’humour, le goût de typographie, des couleurs et de l’imagerie populaire sautent aux yeux. Elle a d’ailleurs consacré un livre à un graveur mexicain, José Guadalupe Posada, et un autre à ce qu’on appelle les loubki, des estampes illustrées populaires russes dont on retrouve l’empreinte dans l’avant-garde russe (le fait est que Bonampak est composé en petites unités au ton souvent faussement naïf, comme un livre d’images).

Enfin, Lætitia Bianchi a retraduit deux pièces d’Aristophane, dont Les Oiseaux, un titre dont nous ferons une porte d’entrée aérienne et joyeuse dans