Hélène Giannecchini : « Je me sens liée par une sorte de filiation à Donna Gottschalk »
La semaine prochaine sort un recueil de manifestes lesbiens intitulé Le mouvement féministe est un complot lesbien. Une anthologie (USA, 1969-1974), chez Rotolux Press. La semaine suivante, la « plus célèbre des photographes lesbiennes inconnues », Donna Gottschalk, sera à découvrir dans l’exposition « Nous autres » au BAL à Paris, en compagnie de Carla Williams. Derrière ces deux événements, une même femme, Hélène Giannecchini, chercheuse et écrivaine, dont Un désir démesuré d’amitié est paru à l’automne dernier : un essai qui proposait, face à la famille hétéronormée, d’imaginer de nouvelles filiations, de découvrir des généalogies insoupçonnées via l’amitié et l’archive.
Donna Gottschalk, née en 1949, a été à l’épicentre des mouvements politiques post-Stonewall, a participé au Gay Liberation Front, tout en produisant une œuvre intimiste, de quartier, dédiée au peuple des marges. Hélène Giannecchini revient sur l’articulation entre militance et quotidienneté et propose de substituer à notre regard celui d’une photographe qui veut « montrer que la personne photographiée a de vrais sentiments, que c’est quelqu’un de bien, (…) qu’on comprenne ça, même si on la méprise, même si on la déteste pour ce qu’elle est. » E.L.

Vous êtes désormais un peu « l’impresario » de Donna Gottschalk en Europe. Vous avez même développé des pellicules qu’elle vous a confiées et dont elle n’avait jamais vu les images. Qui est Donna Gottschalk ?
Donna Gottschalk a fait des études de photographie à la Cooper Union de New York. Elle n’a pas passé son diplôme à cause du harcèlement homophobe : elle a abandonné en route, mais avec un vrai bagage technique et esthétique. Durant ces études, elle a en particulier découvert Diane Arbus lors d’une sortie pédagogique au MOMA, à une époque où Arbus n’était pas du tout connue. Elle raconte qu’à ce moment-là, elle s’est dit : « On a donc le droit de photographier les freaks, les gens en marge ? C’est ça que je veux faire », alors que ses ense