Critique

Hélène Cattet et Bruno Forzani sont des captifs amoureux. Prisonniers volontaires d’un certain cinéma de genre à la sauce transalpine (giallo, horreur gothique, film noir) et de sa sainte trinité créatrice : Mario Bava, Dario Argento, Ennio Morricone.

Ce cinéma leur a offert des images adorées, qu’à leur tour ils essayent de réactiver. On pourrait les assimiler à la longue famille des cinéastes DJ, sampleurs et remixeurs, à la nuance près que leurs films ne fonctionnent pas tant au clin d’œil référentiel et teinté d’ironie (quand bien même on peut toujours s’amuser à y recenser les innombrables sources visuelles et musicales) qu’à l’établissement d’un culte à perpétuer.

Reflet dans un diamant mort, leur quatrième et meilleur long-métrage, hybride le sous-genre quasiment oublié de l’« eurospy » – succédanés européens de James Bond produits donc dans différents pays d’Europe dans les années 60 – avec l’énergie pop d’un Danger : Diabolik ! (Mario Bava 1968). Rappelons que ce classique (adaptation d’un fumetti, comics à l’italienne) narrait déjà les aventures rocambolesques d’un Arsène Lupin sixties dans des décors et des véhicules qui n’auraient pas déparé dans Opération Tonnerre ou Goldfinger, mais avec une touche supplémentaire de dolce vita

Les apéros sirotés sur la terrasse d’un palace face à la Méditerranée, c’est précisément le quotidien du héros de Reflet dans un diamant mort, vieil homme qui n’attend plus rien de la vie, et se remémore le temps de sa gloire. Ses missions d’agent secret dans un espace-temps flottant entre années 60 et 80. Quand il prenait un magnat du pétrole en filature. Quand il était maître d’un jeu de dupes autour de la table de poker au casino. Quand il s’en sortait toujours dans ses bagarres en smoking. Ronde de souvenirs dans laquelle il pourrait tourner sans fin. Ronde perturbée par l’irruption d’une nouvelle occupante dans la chambre voisine du palace. Et si elle était liée à Serpentik, une mystérieuse antagoniste dont il n&rs