Romy Alizée : « En montagne, j’avais envie d’être nue »
Il y a quelque chose de déroutant dans la manière dont Romy Alizée juxtapose ses autoportraits aux sommets montagneux pour parler de désir et de vertige. Mais c’est indéniablement ce qui caractérise le travail à la fois personnel et radical de l’artiste franco-grecque autodidacte, dont on a pu entendre les créations sur France Culture et dont on voit régulièrement les Portraits de Der dans Libération. Passionnée par les corps, la montagne et les limites de l’intime, elle expose avec une sincérité troublante ses obsessions personnelles et propose des œuvres sans pudeur, à la recherche de « cette sensation intense de relâchement du corps dans un moment de tension ultime ». Alors qu’elle publie Des choses que j’imagine chez Rotolux Press, la photographe, performeuse et autrice nous a parlé d’addiction au vide, de nudité en altitude, de travail du sexe, d’humour, d’amitiés et de la photographie comme nécessité dans un entretien sans filtre pour AOC. O. R.

Vous avez découvert la montagne il y a longtemps ?
Il y a cinq ans, je suis partie avec un ami du côté de Sallanches. Ce n’était pas la première fois que j’allais en montagne mais c’était la première fois que j’organisais un vrai trek sur plusieurs jours. C’était très beau. Le premier jour, je faisais un peu la maligne jusqu’à ce qu’une montée débouche sur un col avec des arêtes assez impressionnantes pour quelqu’un qui ne connaît pas bien la montagne. J’ai eu une espèce de vertige, la sensation de frôler la mort. J’avais l’impression d’une paroi très abrupte. Les gens marchaient à la verticale, moi j’étais à quatre pattes, je grimpais. On a mis cinq heures à redescendre. J’aurais pu passer à autre chose mais j’ai ressenti des vibrations dans le corps pendant toute la nuit. La sensation de vertige, c’est quelque chose d’indescriptible qui m’a poursuivi. J’avais des flash, je repensais à ce moment, je me voyais glisser de la paroi. C’est devenu une obsession croissante pendant les deux années suivantes. Je lis