Trump et le sport : de la division en Amérique
En janvier 2017, peu avant l’investiture de Donald Trump comme 45e président des États-Unis, Meryl Streep fait un discours à la fois enflammé et inquiet lors de la remise du prix Cecil B. DeMille pour l’ensemble de sa carrière. Dans le cadre clinquant de la cérémonie des Golden Globes, l’actrice fait un plaidoyer vibrant pour Hollywood, cet univers filmique principalement composé d’« outsiders et d’étrangers » : tout ce que le président nouvellement élu a en détestation. La particularité de ce discours est son insistance sur le fait qu’Hollywood demeure inséparable de la célébration d’un art, le mot « industrie » qui le caractérise par ailleurs n’étant pas prononcé. Si l’on mésestime l’origine composite de ses interprètes ou cinéastes qui fait la grandeur créatrice de Hollywood alors, avance Meryl Streep, « ne nous resteront que le football et les MMA [arts martiaux mixtes], qui ne sont pas de l’art ». S’ensuit un tonnerre d’applaudissements, les « professionnels de la profession » considérant ce partage tranché entre le 7e art et certaines pratiques sportives comme allant de soi.

À cette époque, Hollywood se vivait encore à la pointe de la défense d’une nation multiculturelle et de la liberté de la presse, titillé par l’arrivée au pouvoir d’un président qui affichait déjà son aversion pour une société inclusive et un système médiatique perverti selon lui par les « fake news ». Le rapport de forces a radicalement changé. En 2017, Steven Spielberg pouvait réaliser The Post (avec Meryl Streep dans le rôle principal), un hommage à la liberté d’informer à l’ère du trumpisme naissant. En 2024, Ali Abbasi porte à l’écran The Apprentice, un biopic sur l’ascension de Trump dans les années 70 et 80 ; les partisans démocrates majoritaires à Hollywood font profil bas, et Sebastian Stan, le brillant interprète qui joue le milliardaire américain, voit en partie sa carrière entravée après la réélection de Trump. Aujourd’hui, la chaîne CBS, propriété de Paramount, met fi